L’idée d’un refus de paiement de la dette séduit certains acteurs politiques et militants, au nom de la lutte contre la dette « illégitime ». Mais au-delà de l’argument moral, les implications économiques et géopolitiques seraient lourdes pour le pays.
Les conséquences financières directes
Perte immédiate d’accès aux financements extérieurs : les bailleurs multilatéraux (FMI, Banque mondiale, BAD) suspendraient leur appui budgétaire et leurs prêts concessionnels.
Blocage de l’accès aux marchés financiers internationaux et régionaux : le Sénégal ne pourrait plus lever de fonds via UMOA-Titres, entraînant un tarissement rapide de ses ressources de trésorerie.
Hausse de la fiscalité intérieure : pour compenser ces pertes, l’État devrait augmenter les impôts et taxes, accentuant la pression fiscale sur les ménages et les entreprises.
Captation de l’épargne nationale : l’État chercherait à mobiliser massivement l’épargne financière domestique (banques, assurances, caisses de retraite), évincant ainsi le secteur privé de l’accès au crédit.
Les répercussions économiques internes
Effet d’éviction du secteur privé : la raréfaction du crédit pour les entreprises freinerait l’investissement productif.
Inflation : les hausses d’impôts et la dépendance à des financements internes plus coûteux provoqueraient une poussée générale des prix.
Ralentissement économique : l’investissement public et privé chuterait, entraînant une contraction du PIB et un risque de crise économique prolongée.
Abandon des projets stratégiques : des visions de long terme comme “Sénégal 2050” deviendraient irréalisables faute de financement.
Les représailles internationales et l’isolement diplomatique
Réaction des bailleurs : suspension des programmes de coopération et réduction drastique de l’aide au développement.
Baisse des IDE : la perte de crédibilité financière et juridique dissuaderait les investisseurs étrangers, entraînant une fuite des capitaux.
Pressions politiques : de grandes puissances, notamment les États-Unis, pourraient prendre des mesures de rétorsion économique. Un dirigeant comme Donald Trump, si ses intérêts ou ceux de ses alliés économiques étaient affectés, pourrait imposer des sanctions commerciales, restreindre l’accès au marché américain ou bloquer certains financements multilatéraux.
Atteinte au commerce extérieur : les restrictions ou sanctions pèseraient sur les exportations sénégalaises et renchériraient les importations.
Conclusion
Un défaut de paiement n’annulerait pas la dette dans les faits : juridiquement, elle resterait une créance reconnue par les tribunaux, et ses créanciers poursuivraient leurs recours. Mais il plongerait le Sénégal dans une spirale d’isolement financier, de crise économique et de tensions diplomatiques.
En résumé, refuser de payer la dette exposerait le pays à :
une perte d’accès immédiate aux financements extérieurs,
une augmentation de la fiscalité interne,
une éviction du secteur privé des marchés de capitaux,
une inflation et une récession,
un effondrement des IDE, et des représailles potentiellement sévères de la part des grandes puissances et institutions financières internationales.