Dissuader de manière crédible les crimes économiques et financiers …Par Khady Gadiaga

Tandis que dans leurs cercles restreints d’administration des fonds publics, les prédateurs de la république font bonne chère, paradoxalement les pauvres gorgoolus au temps du Corona et du confinement, désespèrent de ne plus pouvoir s’activer dans leurs emplois précaires quand tout simplement leurs enfants se tournent désespérément les pouces fautes de perspectives enchanteresses.

Tout autour, le brouillard dissimule mal les monstres et les criminels. Les nombreux incidents, signifiants, auraient dû alerter mais n’étaient pas à ce point préoccupants pour laisser deviner ce bilan macabre voire ce futur atroce.

Une gestion calamiteuse des fonds du COVID 19

La gestion calamiteuse de la pandémie éclaire sur la personnalité de ces bandits de grand chemins dont le crime ne pouvait pas être pressenti en amont et dont la commission n’incriminait pas forcément des défaillances institutionnelles graves.

Or on ne doit exiger d’un pouvoir, mais alors absolument, que ce que nous sommes en droit d’attendre de lui.  Il semble que l’État central de la période Covid, n’est pas responsable de toutes les malfaisances délictuelles et criminelles qui ont été perpétrées sur le territoire national au nom de la prévention sanitaire et de la solidarité nationale.

Combien d’histoires sont ainsi proposées aux citoyens saisis d’effroi, toutes de transgressions renouvelées, qui auraient dû être interrompues par la force publique, la rigueur judiciaire ou la rectitude administrative ! Il y a des délits et des crimes qui dépassent leur gravité ou leur horreur intrinsèque parce qu’ils sont révélateurs d’une mansuétude coupable en amont, d’une incurie blâmable ou d’une désinvolture sans compétence ni conscience.

Nous sommes voués à déplorer, sans que quiconque y soit pour rien, l’abjecte rencontre entre le sacerdoce au profit d’une population et la cruauté, voire la folie prédatrice.

Partout au Sénégal, et à tout instant, le hasard a fait s’affronter ceux qui deviendront victimes sacrifiées face aux pulsions d’êtres délestés de toute morale, seulement préoccupés d’assouvir, sous quelque forme que ce soit, la part sombre d’eux-mêmes.

Les scandales plus fumeux les uns que les autres relatifs à la gestion des fonds COVID 19 devraient faire l’objet à la lumière de l’importance du fléau d’une évaluation du coût social généré par cette criminalité financière, savamment orchestrée et encouragée par un certain coude adipeux dont la complicité désinvolte à ce carnage sans précédent  constitue assurément un enjeu démocratique et financier de première importance.

Quand l’exécution des sanctions est laissée à l’abandon, quand des services qui devraient être solidaires ne s’informent pas les uns les autres, quand l’État et son dispositif régalien acceptent leur médiocrité ou leur impuissance, quand l’État mackyste n’use pas des moyens dont elle dispose pour faire plier ses agents, quand tout ce qui devrait être mis au service de la tranquillité publique et de la préservation d’un développement social et sanitaire est laissé en friche, il ne faut pas s’étonner de la survenue du pire. Il y a alors, de la part des structures officielles, une non-assistance à citoyens en danger, comme un devoir de protection qui n’est pas rempli.

Aborder les crimes économiques et financiers soulève la problématique du mobile du crime et au vu des conséquences néfastes subies par la population, il est légitimement permis de raisonner par analogie et de traiter la spécificité des crimes financiers comme des homicides volontaires. Si l’on accepte de l’idée développée par Émile Durkheim que le crime est inhérent à toute société, alors le crime financier est consanguin à un développement économique non harmonisé. Se pose alors la question de la perception du délinquant financier dans la société actuelle.

Contrairement à l’auteur d’un meurtre ou d’un assassinat, le délinquant en col blanc n’apparaît pas comme dangereux aux yeux de la société car le mode de vie et l’identité sociale ne sont pas bouleversés par la commission immédiate de l’infraction.

Cette réalité devrait nous pousser à nous interroger : « Où a été notre erreur » ?

Si on cherche à tout prix un lien corrélatif, on pourrait se pencher sur l’éducation familiale et civique. Sans qu’il y ait évidemment l’assurance d’une parfaite normalité de la part de ceux qui ont bénéficié d’une véritable éducation, il est permis de constater que pour la terrible imprévisibilité du crime comme pour toutes les infractions graves, des failles existent, des manques sont présents et le problème profondément culturel. Et des facilités, des dérives ont souvent été tolérées. Car il y a toujours de la liberté et de la responsabilité chez le délinquant, chez le criminel.

Il n’est enfin pas vain de se demander dans quelle mesure l’impact de sanctions pénales lourdes à l’instar de celles qui punissent les crimes de sang pourraient changer la donne. En effet, une prévarication qui reste impunie de la justice a peu de chances d’être sue et désapprouvée par l’entourage du délinquant. Autrement dit, il se pourrait bien que la persuasion ait de bien meilleures chances de succès quand elle est accompagnée d’une dissuasion crédible.

 

K.G 17 avril 2025

Dieyna SENE
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