Dialogue du « Macky », Entre Embûche et Refuge, au peuple d’en juger (Par Aly Saleh)

Avec cette main tendue de Macky Sall aux forces vives de la nation sénégalaise, faudrait-il le voir comme un recours de la dernière chance afin d’escompter un scrutin présidentiel calme et apaisé dans les 9 mois à venir, ou devrait-on croire le contraire, pour ne pas dire une peau de banane glissée par Macky Sall sous les pas d’une opposition qui a repris des couleurs depuis les dernières législatives ?

Ce qui est clair, c’est qu’au moment où le président Macky Sall réitère son invite à une discussion, plusieurs membres de l’opposition hésitent et cherchent encore la bonne conduite à adopter.

 

Qu’il s’agisse d’un recours de la dernière chance ou d’un piège, dans tous les cas, l’appel au dialogue de Macky Sall mène droit vers la discorde alors que les termes de référence ne sont même pas encore mis à nu. Aussi, aucune date n’a jusque-là été arrêtée en ce sens. C’est pourquoi le risque de vivre un dialogue de la discorde est bien réel, tellement les enjeux sont nombreux.

 

D’un coté, nous avons le Pds qui dit « oui » à l’appel au dialogue pour affranchir son candidat Karim Wade de son inéligibilité.

Et d’un autre, Taxawu, de l’opposant Khalifa Sall, qui se dit aussi ouvert à la discussion. L’ancien maire de Dakar s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle, mais sous le coup d’une condamnation. Lui aussi, est toujours inéligible et la question de son amnistie doit être réglée.

Khalifa Sall espère qu’avec ce dialogue, la porte lui sera peut-être ouverte.

Il faut aussi le dire, si le dialogue politique d’une part occupe le centre des débats, d’un autre côté nous avons une opposition et une société civile déterminées à empêcher un éventuel troisième mandat.

 

Ce que l’on peut dire sans risque de se tromper c’est que le dialogue auquel les sénégalais auront droit, c’est juste celui de la discorde pour ne pas dire un dialogue de sourds où chacun va essayer de tirer profit de la situation. Si certains voient en cet appel des manœuvres de son initiateur, les forces vives de la nation (F-24) qui regroupent en leur sein plus de 140 partis et mouvements citoyens, qui a presque noyé la coalition Yewwi Askan Wi, dit aussi « non » au dialogue et se démarquent de par leur  détermination à barrer la route à une 3ème candidature de Macky en 2024.

 

La façon de faire de la politique au Sénégal doit être repensée.

On ne pense qu’à des intérêts crypto-personnels, parce que finalement, c’est le peuple qui est sacrifié.

Beaucoup avançaient que la décision d’amnistier Karim Wade et Khalifa Sall était un stratagème pour diviser l’opposition avant le prochain scrutin, d’où la remise en cause de l’hégémonie du président de Pastef Ousmane Sonko qui occupait  largement le terrain jusque là. Donc ceux qui continuent de penser que c’est pour remettre en selle Khalifa et  karim et diviser l’opposition n’ont pas vraiment tort. Et puis c’est de bonne guerre,  en politique chacun cherche ses intérêts pour mieux se positionner et tous les coups sont permis…

 

Et puis, face aux enjeux liés à la présidentielle prochaine et une demande sociale pressante, le contexte politique chargé laisse présager des lendemains incertains.

D’ailleurs, les poignées de mains, les sourires et autres accolades entre Macky Sall et Khalifa Sall, Barthélémy Dias ou encore Habib Sy dont on a eu droit dernièrement en disent long sur les surprises qui se dessinent, même si certains y voient de l’hypocrisie pour affaiblir et isoler Sonko de la course.

Le Président de la République est résolu à tenir son dialogue sans Sonko, son principal challenger. Mais si l’on ne fait pas très attention, ce dialogue risque d’avorter, à cause des pommes de discorde: le projet de la troisième candidature rejeté par pratiquement toute la classe politique et une grande partie de la société civile et la libération des « détenus politiques ».

Et de jour en jour, la liste des personnes qui s’opposent au dialogue ne cesse de s’accroître. Tous les jours des formations politiques déclinent l’invitation du chef de l’Etat. Malick Gakou et le Grand Parti sont les derniers à rejoindre ce mouvement anti-dialogue. Avant lui, il y avait d’autres meneurs comme Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo, Abdourahmane Diouf, Déthié Fall, Mimi Touré,  Bougane Guèye, Boubacar Camara et  Cheikh Tidiane Diéye qui ont dit « non » au dialogue. Le leader de Pastef,  Ousmane  Sonko lui, est resté constant et campe toujours sur sa position. Son opposition farouche à Macky Sall l’eloigne de tout ce qui provient du palais puisqu’il a décidé d’opter pour la  désobéissance civile.

 

Le vivre ensemble qu’avaient instauré nos aïeux n’existe  presque plus dans ce pays dit de la téranga. De nos jours, les populations qui peinent à joindre les deux bouts, vivent dans la plus grande précarité face à une insécurité grandissante. Les arrestations tous azimuts des opposants au régime, la cherté du logement dont l’annonce de la baisse n’existe que sur le papier, l’accès aux soins de santé, un emploi décent quasi introuvable, les prix des denrées de première nécessité grimpent de plus en plus, la liste est longue.

Sans oublier, le « ni oui ni non » de Macky Sall venu s’ajouter aux incertitudes qui angoissent  les populations désespérées. Le temps est venu pour le Sénégal de montrer à la face du monde sa maturité politique et l’exemplarité de démocratie et de stabilité qu’on lui prête.

 

L’heure doit être au dialogue pour dépasser les clivages quelles qu’elles soient, parce que aussi le Sénégal doit être mis au devant de tout intérêt. Macky  Sall va-t-il réussir cette prouesse politique à la croisée des chemins?

Wait ant see, un très proche avenir nous édifiera.

 

Aly Saleh Journaliste/ Chroniqueur

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