Détacher le bling bling de l’esprit du Magal Par Khady Gadiaga

Il est indéniable que le Magal de Touba est à la fois un moment de ferveur spirituelle, d’expression culturelle, de solidarité communautaire et de dynamisme économique, mobilisant des ressources colossales sur une courte période.

Toutefois nous tombons des nues quand subrepticement, certaines pratiques non conformes à l’éthique du Magal nous plongent dans le monde de la désillusion et de la supercherie contemporaines.

Amer constat : le ver est dans le fruit quand nos femmes, censées être les gardiennes des valeurs à l’instar de l’illustre Mame Diarra Bousso deviennent des virtuoses de l’apparence et de l’apparat qui absorbent les messages de grâce.

La forme devient le fond et masque un vide profond. Une Mame Ndiaye Savon devient parmi d’autres le prototype de l’adaptation et de l’habileté sociale, le sujet idéal des façonneurs de comportements.

Mais à y réfléchir de plus près, faudrait-il s’en offusquer, tant il est vrai que nous autres, Sénégalais, nous sommes hâbleurs, un tantinet roublards. Nous aimons par dessus tout le faste et la représentation. Au-delà du côté anecdotique mais éclairant de ce constat, il faut retenir que l’usage public de notre «ferveur», sans objectif réaliste ou sans outils et moyens adaptés d’exécution, n’est rien d’autre que destructeur…

Dans le respect de l’esprit du Magal, il convient de fissurer cette représentation du monde qui nous conduit dans un monde de carton-pâte et d’imposture. Et c’est même à se demander si nos impostures ne sont pas nos véritables triomphes?

Les fausses valeurs, la fausse dévotion, les solidarités maquillées, le clinquant des corps sociaux ne sont supportables que passés par les armes d’une dérision salvatrice.

Derrière la grande farce du vide, se déploie la face hideuse de nos canulars, escroqueries, mystifications et autres impostures tellement humaines et qui servent d’abord à nous mettre devant nos vanités.

O Wilde, dans son éloge du faux nous montre à quel point nos faits d’armes ne sont jamais bien loin de l’illusionnisme.

Dilemme cornélien ou monde à déconstruire?

Pour résumer brièvement le malaise formulé ci-dessus, on pourrait dire que la « société » est sortie du discours et qu’à sa place, la « culture du clinquant et du bling-bling » s’est imposée comme dénominateur commun grandissant pour tout ce qui naguère constituait l’objet spécifique d’une science sociale et politique, voire d’une économie politique, inspirée du mouridisme. Ce qu’on appelle les cultural turns si on laisse faire vont largement contribuer à dépouiller la « culture mouride » de ses présupposés spirituels.

Il est donc important de sortir le bling-bling du spirituel en invitant ceux et celles qui versent dans un certain exhibitionnisme à se détacher des aspects superficiels et ostentatoires souvent associés à la spiritualité, pour revenir à l’essence de la démarche spirituelle prônée par Serigne Touba.

Car Il s’agit de ne pas se laisser distraire par les apparences, les accessoires, ou les rituels extérieurs, mais de chercher une véritable transformation intérieure voulue et appelée par le Saint homme.

En somme, « sortir le bling-bling du spirituel » revient à valoriser l’authenticité, la profondeur et la simplicité dans la quête spirituelle, plutôt que de se laisser distraire par des éléments superficiels et ostentatoires.

K.G 14 août 2025

Dieyna SENE
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