Des fous et des lépreux au Sénégal Par Adama Aly Pam

Le Sénégal est l’un des pays du monde où ce que tout le monde voit est invisible ! Je veux parler de la gestion des aliénés et autres malades mentaux. L’indifférence des politiques publiques par rapport à la souffrance malades mentaux errants dans les rues de nos villes et villages m’insupporte.

Au Sénégal, le malade mental n’intéresse le pouvoir public que quand ce dernier constitue une menace à la sécurité publique. Il se trouve qu’un malade mental est plus un danger pour lui-même qu’autre chose. Il a plus besoin d’être secouru par la communauté que d’être craint.

Les fous furieux au lieu d’être pris en charge et soignés sont physiquement détruits par des traitements qui sont en réalité des camisoles chimiques. Ils sont transformés en légumes ou enfermés dans de sinistres cabanons. Le professeur collomb avait inventé la psychiatrie africaine au CHU de Fann en intégrant la dimension culturelle dans la prise en charge des aliénés.

Son héritage ne semble malheureusement pas poursuivi par les médecins sénégalais. Le pays comptait en 2019, 38 psychiatres pour 17 millions de sénégalais soit 1 médecin pour près de 450 mille habitants.

Senghor avait théorisé la notion d’encombrement humain dans la capitale sénégalaise. Les fous et les lépreux furent victimes de stigmatisation et éloignés de la vue des touristes et des officiels des pays étrangers en visite chez-nous.

Les villages de recasement des lépreux du Sénégal ont été de véritables symboles de la honte et de l’indignité. Dire que nos médecins et les faiseurs de santé publique aient laissés prospérer une telle forfaiture héritée d’un autre âge.

On a organisé la mort sociale de citoyens sénégalais en instituant une vraie distance sociale. Distanciation sociale que beaucoup d’entre nous découvrions avec la Covid. Une récente loi de déclassement du village de Koutal a réparé cette ignominie.

 

 

Par Adama Aly Pam

Dieyna SENE
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