Découverte sur la dette cachée du Sénégal: 5,5 milliards de dollars évaporés des déclarations officielles du Sénégal

L’exploitation du dernier rapport de la Banque mondiale révèle l’ampleur de la dette dite cachée du Sénégal. Selon le think tank Finance for Development Lab, les anomalies relèvent moins de contrats occultes que de graves défaillances dans le reporting financier.

Le scandale de la dette publique sénégalaise continue de susciter révélations et interrogations. Selon le quotidien EnQuête, l’économiste Martin Kessler, directeur exécutif du think tank Finance for Development Lab, a exploité le dernier rapport IDS (International Debt Statistics) de la Banque mondiale, mettant en lumière une dette cachée estimée à 5,5 milliards de dollars entre 2018 et 2023, soit environ 16 % du PIB.

D’après l’analyse, ces montants se sont accumulés à travers des déficits non déclarés, avec des pics enregistrés en 2018 et 2023. Mais la principale surprise concerne l’identité des créanciers. Toujours selon EnQuête, une part importante de cette dette extérieure cachée est due à des créanciers bilatéraux, notamment la Chine (900 millions de dollars) et la France (400 millions), mais aussi l’Italie et la Turquie.

Le secteur privé arrive en deuxième position avec 1,8 milliard de dollars, essentiellement dus à des banques françaises, ivoiriennes et chinoises. Les institutions multilatérales comme la Banque islamique de développement (BID), Afreximbank et la BOAD figurent également parmi les créanciers concernés par les sous-déclarations.

Contrairement aux cas classiques de dettes cachées liées à des contrats occultes, le Sénégal se singularise par un problème de reporting. « Les engagements étaient bien enregistrés, mais pas les décaissements », explique Martin Kessler. Autrement dit, les projets étaient connus et annoncés publiquement, mais l’arrivée effective des fonds sur les comptes de l’État n’était pas correctement déclarée.

Cette situation soulève également des questions sur la responsabilité des partenaires techniques et financiers, notamment le FMI, qui n’auraient pas détecté des anomalies pourtant significatives. Selon les données, l’endettement cumulé du Sénégal entre 2018 et 2023 atteignait 84 % du PIB, un niveau qui aurait dû déclencher des alertes bien plus tôt.

Momar Diack SECK
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