L’initiative du ministre de l’Intérieur, Mouhamadou Bamba Cissé, qui a choisi de se déguiser pour constater par lui-même la situation sur le terrain, mérite d’être saluée. À travers ce geste fort, il a mis en lumière le désordre qui règne dans la capitale sénégalaise, où l’occupation anarchique des rues et des trottoirs est devenue la norme.
Cependant, un problème majeur persiste et semble échapper à l’attention générale. En effet, après les opérations de déguerpissement, les espaces libérés ne sont pas toujours réhabilités au profit des piétons. Au lieu de devenir de véritables zones de circulation pour les marcheurs, ces lieux se transforment rapidement en parkings sauvages ou en stations de véhicules automobiles. Résultat : les trottoirs censés offrir une sécurité et un confort de marche se vident de leur fonction première.
Aujourd’hui, marcher à Dakar relève d’un véritable parcours du combattant. Les piétons sont contraints de partager la chaussée avec les voitures, motos et bus, au péril de leur sécurité. Les trottoirs, quand ils ne sont pas occupés par les commerçants ambulants, finissent accaparés par des automobilistes à la recherche d’espaces de stationnement. Cette situation dénature complètement la vocation de ces infrastructures et accentue le chaos urbain.
Le véritable défi pour les autorités ne se limite donc pas à déguerpir. Il s’agit d’accompagner ces actions d’une politique d’aménagement urbain cohérente et durable : réhabiliter les trottoirs, les sécuriser, et surtout les rendre exclusivement accessibles aux piétons. Sans cela, Dakar restera une ville où le simple fait de marcher devient une épreuve infernale.
Par Kémo Daffé


