Agence Ecofin – En décembre 2024, les Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont lancé un appel pour mobiliser 7,6 milliards $ en 2025 afin de venir en aide à 35 millions de personnes touchées par les crises en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le décret signé par le président Donald Trump, qui suspend l’aide américaine à l’échelle mondiale, à l’exception d’Israël et de l’Egypte, suscite des inquiétudes quant à ses répercussions sur les pays africains dépendants de cette assistance humanitaire. Cette mesure, inscrite dans le cadre du programme « America First », prévoit une évaluation de l’efficacité des programmes d’aide internationale sur une période de 90 jours.
Des pays tels que le Soudan du Sud, la RDC, la Somalie et l’Ethiopie, déjà touchés par des crises humanitaires notamment la famine et les déplacements causés par les conflits, le changement climatique et l’instabilité économique, pourraient se voir privés d’un soutien essentiel.
Impact sur les pays en crise
Le Soudan du Sud, en proie à des conflits prolongés, à des déplacements massifs et à la famine aggravée par le changement climatique, illustre la gravité de la situation. En 2024, environ 9 millions de personnes, soit 73% de la population, avaient besoin d’une aide humanitaire, dont 7 millions confrontées à une insécurité alimentaire aiguë durant la période de soudure. Les contributions des Etats-Unis ont atteint 351 millions $ au mois de juillet 2024, portant le total depuis 2011 à près de 7,3 milliards $. Par ailleurs, le Plan de réponse humanitaire 2025 prévoit un financement de 4,2 milliards $ pour soutenir près de 21 millions de personnes vulnérables, rétablir les services de base et renforcer la protection, selon l’OCHA.
En RDC, plus de 25 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire critique, accentuée par des conflits armés, des catastrophes naturelles et des épidémies. Avec 5,7 millions de déplacés internes, le pays est au cœur d’une crise humanitaire. En 2024, l’USAID a débloqué 424 millions $ d’aide humanitaire et envoyé des vaccins pour lutter contre des épidémies telles que la mpox. Sur la dernière décennie, l’aide américaine à la RDC a dépassé 6 milliards $. Selon Humanitarian Action, en 2025, environ 21,2 millions de personnes en RDC nécessiteront une assistance humanitaire, avec des besoins financiers estimés à 2,5 milliards $, ciblant 11 millions de bénéficiaires prioritaires.
La Somalie, quant à elle, frappée par l’insécurité, la pauvreté chronique et des événements climatiques extrêmes, comptait en 2024 environ 6,9 millions de personnes en besoin d’assistance humanitaire. Entre octobre et décembre, les USA ont engagé 97,5 millions $ dans des programmes de résilience, de sécurité alimentaire et de réformes structurelles. Depuis 2022, près de 2,3 milliards $ ont été versés à la Somalie pour répondre aux besoins urgents. Le Plan d’action et de réponse humanitaire 2025 prévoit d’aider 5,98 millions de personnes, avec un budget estimé à 1,4 milliard $, soit une baisse de 10% par rapport à 2024, selon l’OCHA.
Dans la même dynamique, l’Ethiopie, où l’assistance internationale avait été suspendue en 2023 en raison de détournements présumés, a vu un renouvellement du soutien de la communauté internationale. En 2024, les Etats-Unis ont déboursé 1,2 milliard $, tandis que les besoins humanitaires étaient estimés à 2,9 milliards $, selon l’OCHA. Pour 2025, ces besoins sont projetés à 2 milliards $.
L’Afrique face à l’insécurité alimentaire
L’Afrique subsaharienne reste l’épicentre de l’insécurité alimentaire mondiale. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 342 millions de personnes sur le continent souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2022. En réponse, le pays de l’Oncle Sam a mobilisé 6,6 milliards $ d’aide en 2024, poursuivant son engagement historique. Lors de sa visite en Angola en décembre 2024, l’ancien président Joe Biden avait d’ailleurs annoncé un milliard $ supplémentaires pour lutter contre la faim et répondre aux besoins urgents dans 31 pays africains.
Outre le gel de ses aides étrangères, l’administration Trump a décidé de retirer son soutien financier à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une décision jugée « regrettable » par l’organisation.
Il faut noter que pour 2025, les Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont lancé un appel pour mobiliser 7,6 milliards $. Il vise à fournir une aide vitale à 35 millions de personnes affectées par les multiples crises en Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment les conflits, l’insécurité alimentaire et les catastrophes climatiques.