Le bras de fer, engagé entre l’Etat et les entreprises de presse tirant en longueur, l’épée de Damoclès qui plane sur la tête de plusieurs milliers de travailleurs du secteur a poussé le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) à interpeller le président Bassirou Diomaye Faye. Après plus de 9 mois de statut quo relevé dans le secteur, les patrons de presse ont de nouveau brisé le silence. Membre de ladite organisation, Maïmouna Ndour Faye, directrice de la 7TV, a profité d’une conférence de presse, hier, pour alerter de la situation. Et si le chef de l’Etat n’intervenait pas, dit-elle, quelques 15 000 emplois directs et d’autres d’emplois indirects risquent d’être perdus.
«Cette conférence de presse, que nous animons, est pour montrer notre ouverture pour un dialogue apaisé entre les différents démembrement du secteur de la presse. Cette démarche s’appuie sur l’appel lancé le 14 août dernier par le président de la République, dans le communiqué du Conseil des ministres tenu au lendemain de la ‘’Journée sans presse’’ et dans lequel le président avait invité à un dialogue rénové», a-t-dit.
Dans son propos liminaire, elle a dressé un tableau sombre de la situation des entreprises de presse du Sénégal. «Nous n’avons plus de recettes. Ce sont beaucoup d’emplois menacés. Le secteur de la presse c’est minimum 15 000 emplois directs, sans parler des emplois indirects. Ce sont des milliers d’emplois qui vont être perdus, donc ça interpelle tout le monde : les reporters, le personnel, le patronat et tous ceux qui s’intéressent à la démocratie. Mais cela doit préoccuper, au premier chef le président Bassirou Diomaye Faye», a dit Maïmouna Ndour Faye.
«Quand le président de la République a fait son appel au dialogue rénové, nous nous attendions à …»
Pour elle, «la situation est difficile. En plus le FADP (Fonds d’appui et de développement de la Presse) qui était toujours distribué au mois de décembre, est bloqué sans raison. Rien ne peut le justifier, parce que c’est prévu dans le budget. Les plus téméraires finissent par dire qu’il y a une mise à mort programmée des médias, mais moi, je vais être très positive. Je vous accorde le bénéfice du doute. Je ne vous accuse pas de vouloir lancer un programme de mise à mort des médias. Je me dis que c’est difficile pour l’Etat, donc nous devons nous aussi subir. Mais, nous demandons plus d’attention», a-t-elle dit.
Aujourd’hui, c’est au président Bassirou Diomaye Faye à qui nous adressons cet appel. On dénonce les agissements du ministre de la Communication, Alioune Sall, auprès du chef de l’Etat. (…). Nous voulons faire comprendre au président que nous ne sommes pas animés d’une intention de créer une crise. Nous tenons des réunions et des conférences de presse, parce que nous sommes confrontés à une situation de crise économique aiguë. C’est une erreur de croire que nous avons un agenda», a-t-elle confié.
«Les plus téméraires finissent par dire qu’il y a une mise à mort programmée des médias, mais moi, je vais être très positive. Je vous accorde le bénéfice du doute»
MNF a rappelé que les directives données tardent encore à se concrétiser. «On a pu le 17 juillet dernier, rencontrer le ministre de la Communication. Lors de ce premier contact, on lui avait soumis l’ensemble de nos doléances et problèmes du secteur de la presse. Il y a eu un relevé de décisions, mais, il faut dire que la matérialisation n’a pas suivi. Quand le président Diomaye a fait son appel au dialogue rénové, nous nous attendions à ce que le ministre de la Communication suive les pas de son collègue en charge des Finances, qui nous a invités à des concertations. Depuis lors les relations entre la tutelle et le secteur de la presse sont extrêmement difficiles», a-t-elle fait savoir.
Selon elle, «actuellement, la relation est au statut quo. Pendant que nous, on invite la tutelle à des concertations, on note que de son côté, elle déroule sa feuille de route. Et puisque le ministre attend qu’on lui adresse un courrier pour demander une audience, puisqu’il tient à ce formalisme, une demande d’audience lui sera adressée», a-t-elle assuré.
Elle signale, toutefois, qu’au moins deux demandes d’audience ont été adressée au ministère, mais qui est restée sans suite. «On va sacrifier à ce rituel administratif et lui adresser une demande d’audience, mais en attendant la situation des entreprises de presse est en train de se détériorer de jour en jour», indique-t-il.
Vox populi