Convoqué en citation directe après la plainte en diffamation de Eramet GCO : La Déclaration de Julien Potron Collectif pour la Défense des Niayes

Le lundi 7 avril 2025, Depuis le Tribunal de Grande Instance de Mbour, Sénégal,

Déclaration de Julien Potron (C.D.N) du 7 avril 2025, à l’occasion de la convocation en citation directe suite à la plainte en diffamation de l’entreprise Eramet GCO.

« Merci à toutes les personnes qui soutiennent notre mouvement de vérité pour les Niayes. Merci aux autorités, et particulièrement à notre Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et au Premier Ministre Ousmane Sonko, pour leurs efforts en faveur de la transparence, de la vérité et de la réparation des préjudices subis par les populations et par l’environnement du Sénégal. Et qui ont exprimé, à travers leurs discours de politique générale, leurs interventions au Conseil des Ministres, et à travers d’autres actes, leurs volontés de faire la transparence sur l’activité passée de cette mine. Et nous espérons qu’il ne s’agit plus que de quelques jours pour que des actions concrètes soient enfin prises pour protéger les populations, pour sauver le Désert de Lompoul et pour engager les efforts de réparations auprès des potentielles victimes de Eramet GCO.

Il est toujours bon de rappeler qu’au Sénégal, les ressources appartiennent au peuple et que l’article 49-2 du Code Pénal, nous oblige à apporter assistance à personne en danger. Ces tout le sens du mouvement pour le Moratoire Lompoul.

Malheureusement, nous sommes aujourd’hui réunis par la décision l’entreprise Eramet GCO d’engager une procédure judiciaire, qui semble n’avoir pour seule intention que de nous intimider, comme elle a déjà directement et indirectement intimidé ou tenté d’intimider les populations habitant et travaillant à Foth, Diourmel, Thiokhmatt, Lompoul et partout où elle est passée ?

Après moi, qui sera la prochaine ou le prochain sur la liste ?

Cette entreprise qui d’après d’aucun, a fait et continue de faire souffrir tant de monde.

Souhaite-t-elle également, à travers cette procédure, intimider les journalistes sénégalais qui ont osé publier sur ses propres manquements ?

S’attaquera-t-elle à Walfadjiri, Sen TV, 2sTV, TFM, RTS, 7TV, Leral, Dakaractu, L’Observateur, Le Soleil, Le Quotidien, Libération, Vox Populi, 24 Heures Chrono, PressAfrik, Xalaat TV, à l’Agence de Presse Sénégalaise et à tous les autres qui ont relayé ses informations ?

S’attaquera-t-elle également aux journalistes étrangers qui sont venus collecter les témoignages des populations des Niayes, qui ont choqué le monde ?

S’attaquera-t-elle à France 24, TV5 Monde, Agence France Presse, Libération France, Le Monde, ARTE, Reporterre, RFI, et à la centaine de titres qui ont publié sur cette affaire de Macao à l’Argentine, en passant par les États-Unis ou encore par le Pakistan ?

Je suis debout, comme est debout le peuple des Niayes, que je représente à mon corps défendant.

Je ne suis pas le premier, et je ne serais pas le dernier à poser des questions à cette entreprise.

Tant que la lumière ne sera pas faite sur les actions d’Eramet GCO et de MDL qui l’a précédée, nous continuerons à poser des questions sur le pourquoi et sur le comment ces agissements supposés auraient-ils eu lieu ?

Aujourd’hui plus qu’hier, un Moratoire est nécessaire pour que les autorités puissent faire la lumière sur ce que nous sommes des milliers à avoir pu constater sur le terrain.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et pour répondre aux questions suivantes :

La convention minière et son avenant ont-ils oui ou non été signés à la suite du versement de commissions ou de rétrocommissions par MDL ?

Les populations ont-elles été indemnisées correctement et en toute transparence à la suite de la saisie de leurs biens ?

Y-a-t-il des conventions ou des reçus qui encadrent les dons, déclarés depuis près de 10 ans par Eramet GCO, aux autorités, aux notables et aux fonctionnaires et assimi-lés, et que l’on retrouve dans les rapports ITIE, déclarés comme des dons sociaux vo-lontaires ? Ces dons, ne serait-ce pas en totale contradiction avec les engagements de la Charte éthique d’Eramet ?

La procédure d’autorisation de l’exploitation de la phase 2 prévoyant la disparition du Désert de Lompoul a-t-elle été respectée à la lettre ?

Pourquoi la documentation relative aux études d’impacts environnementaux et so-ciaux n’est pas publiquement partagée par les autorités compétentes ou par Eramet GCO, alors que la population de Lompoul le demande continuellement depuis tant d’années ? Certaines autorités ont-elles oui ou non falsifié le compte rendu d’audience publique de Lompoul, en déclarant que la population avait accepté l’étude d’impact environnementale et sociale ?

Alors que la population aurait rejeté catégoriquement la conclusion de ce rapport en même audience publique ? Si tel était le cas, Eramet GCO est-elle au courant ? Le ministre de l’Environnement de l’époque aurait-il pu donner l’autorisation à Eramet GCO d’exploiter la phase 2 et donc son feu vert à la destruction du Désert de Lompoul, en pensant à tort que l’audience publique avait été acceptée par la popula-tion ? Eramet GCO a-t-elle, en connaissance de cause, laissé des centaines, voire des mil-liers d’habitants des villages de recasés, boire de l’eau impropre à la consommation pendant des années sans rien faire ? Est-il vrai que des habitants de ces villages se-raient morts à cause de cette eau ?

Quel est le risque réel pour les ressources en eau souterraines à court, à moyen et à long terme de cette exploitation minière qui pompe entre 8 et 19 millions de mètres cubes d’eau douce par an, dans la zone des Niayes, où l’eau est vitale à l’activité agri-cole et à la souveraineté alimentaire du Sénégal ?

Est-il vrai que Eramet-GCO veut rendre à l’État du Sénégal plus de 500 ha de terres à nue, sans aucune réhabilitation ? Alors que l’État du Sénégal, et de nombreux bail-leurs ont investi des milliards durant plus de 65 ans pour reboiser les Niayes ? Et alors que les phénomènes météorologiques de tempêtes de sable, ainsi que les maladies respiratoires, sont endémiques, cette situation si elle est avérée, ne serait-elle pas un risque majeur pour la santé publique ?

Un audit sur l’intérêt micro- et macro-économique pour le Sénégal a-t-il eu lieu pour savoir si, oui ou non, de manière directe et de manière indirecte, le Sénégal perçoit un quelconque intérêt financier à cette exploitation minière ? (Compte tenu du coût des externalités négatives que supporte déjà financièrement le Sénégal, tant sur le sujet de la santé, de la paupérisation, de la pollution, de la raréfaction des ressources hydriques et terrestres, de la chute de l’activité et des emplois durables agricoles et touristiques, et du faible versement d’impôts, de taxes et de dividendes par Eramet GCO à l’État du Sénégal)

Pourquoi, depuis que nous posons ces questions, Eramet GCO ne cesse de mentir et de distiller de fausses informations, des fake news ? Si l’entreprise a des choses à se reprocher, ne gagnerait-elle pas à plutôt faire amende honorable, à faire son mea culpa et à pratiquer enfin la transparence ?

Pouvons-nous parler ici de caricature de l’extractivisme ? Pour ne pas dire de carica-ture du néo-colonialisme ?

 

Enfin et avant de finir :

La lumière sera-t-elle faite sur la question des cimetières ? Est-il vrai qu’aucun procès-verbal n’est disponible concernant la disparition des cimetières ? Est-il vrai que nous ne savons pas où toutes les personnes présentes dans ces cimetières sont enterrées ? Quand les populations de Foth et d’ailleurs pourront-elles se recueillir sur la tombe de leurs parents ?

 

A ce sujet, j’étais la semaine dernière à Ndiaganiao. En discutant du sujet du scandale Eramet GCO avec les anciens du village, ils me faisaient remarquer que la route principale s’arrêtait nette en allant à Ndiaye Ndiaye. La raison en est simple. Le cimetière se trouve sur la route. Et il n’y a rien, ni personne, ni une route fût-elle nationale, ni un quelconque projet d’utilité publique, qui puisse justifier la destruction d’un cimetière, aussi ancien fût-il, ni à Ndiaganiao, ni ailleurs. Ainsi fut la réponse des anciens de Ndiaganiao.

Alors Eramet GCO peut-elle s’engager dès à présent à ne plus jamais déranger une seule tombe sur le sol sénégalais ?

 

Ces questions hantent les Niayes et ne finiront jamais d’hanter les Niayes, tant les souffrances visibles et invisibles sont présentes dans les chairs et dans les esprits des populations victimes.

À défaut d’avoir la justice, nous demandons réparations, et que ce qui peut encore être sauvé le soit réellement et rapidement.

Le temps presse et ces mesures judiciaires dilatoires permettent à Eramet GCO d’accélérer la cadence, en travaillant jours et nuits, dimanches et jours fériés inclus, et ce d’autant plus qu’Eramet GCO a récemment obtenu, avec les ICS, l’autorisation de faire circuler ses trains le jour en même temps que les TERs. Malgré les risques que cela comporte pour la sécurité, comme l’ont montré les déjà trop nombreux tués par les trains Eramet GCO, ou encore comme l’a tragiquement montré l’accident de la semaine dernière à Thiès où un enfant de 8 ans a été fauché par un train ICS.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Ainsi, j’invite le député des Français de l’étranger Karim Ben Cheikh à s’inspirer des députés sénégalais, pour déposer une question écrite ou orale à l’Assemblée Nationale française. À défaut de déposer une demande d’enquête parlementaire comme l’a fait l’honorable député Guy Marius Sagna.

En tant que Français, je veux croire que l’intérêt supérieur de la France reste la Défense des Droits de l’Homme et de l’environnement.

Je ne peux concevoir que la France ou le Sénégal ait pu donner leur accord à Eramet GCO, dont ils sont indirectement et directement actionnaires, pour lancer ce type de procédure, que les ONG qualifient de procédure-bâillon, et qui viserait à empêcher des citoyens à poser des questions légitimes et d’intérêts publics.

Le temps fera son œuvre. Nous avons pleine confiance en la justice sénégalaise pour effectuer son travail de manière totalement indépendante.

Et qu’elle puisse très prochainement siffler la fin de cette douloureuse séquence, où, non content de vouloir m’intimider et me menacer, on essaie d’intimider mes collaboratrices ou mes collaborateurs.

Prions pour que ces pratiques qui n’honorent personne soient bientôt d’un autre âge.

Prions pour que l’intérêt supérieur du peuple des Niayes, c’est-à-dire l’intérêt supérieur du peuple sénégalais, soit préservé dans cette affaire. Continuons à être les sentinelles de la bonne gouvernance, dont le Sénégal a tant besoin.

Seule la lutte libère, et je rajouterai : Jub, Jubal, Jubanti !

Julien Potron

Membre du C.D.N (Collectif pour la Défense des Niayes)

Taré, Commune Léona, Sénégal

Dieyna SENE
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