Vox Populi-Journée de la Liberté de la Presse a été célébrée. Un prétexte mis à profit pour organiser un débat avec des acteurs dudit secteur, à la Maison de la presse, hier mercredi. Le colonel de l’armée à la retraite Antoine Wardini, partie prenante de cette rencontre comme panéliste, a essayé de répondre aux questions sur la sécurité nationale, les relations entre forces de l’ordre et journalistes, entre autres.
«Il est clair que l’Etat ou bien le gouvernement, c’est à lui seul qu’il incombe la responsabilité définitive de la sécurité nationale. Seul le gouvernement est en position d’affirmer qu’une information ne doit pas être divulguée si elle est susceptible de nuire à la sécurité nationale», a fait savoir le colonel Wardini.
L’officier supérieur de l’Armée à la retraite a aussi apporté un lot de recommandations à la nouvelle génération de journalistes. «En tant qu’ancien de la DIRPA (Direction de l’information et des relations publiques de l’armée), de par mon expérience, surtout, il faut savoir, vous les jeunes journalistes, que tout est question de crédibilité. Il faut savoir ce que vous dites. Il faut avoir des preuves de ce que vous affirmez ! Vérifiez les informations ! Ne tombez pas dans le coup des diffamations, de gauche à droite. Ça ne vous grandit pas. Informer le peuple, c’est votre devoir. Nous avons besoin d’être informés. Informez-nous juste. Si vous n’avez pas la bonne information, ce que je vous dis, c’est d’aller à la source», a-t-il préconisé.
«La liberté de la presse ne veut pas dire, dire tout ce que l’on veut, au détriment de l’intérêt national»
Seulement, précise le colonel Wardini, «la liberté de la presse ne veut pas dire, dire tout ce que l’on veut, au détriment de l’intérêt national. C’est vrai également, les gouvernements n’ont pas à toujours se pencher sur la notion, le concept de sécurité nationale pour couvrir beaucoup de choses, pour camoufler beaucoup de choses. Le peuple a besoin d’être informé. Dans un État démocratique, l’opinion publique a besoin de savoir pour mieux contrôler l’action gouvernementale. De toute façon au Sénégal, les chefs d’État qui sont passés, que ça soit Diouf, Wade, Macky Sall … chacun a montré sa volonté d’accompagner la presse. Mais, on voit des fois ce qui se passe sur le terrain. Qui a tort ? Qui n’a pas tort ? C’est tout un problème !», a-t-il indiqué.
«Je ne demande pas de vous socialiser avec l’armée. Je ne demande pas de vous socialiser avec les institutions gouvernementales. Je vous demande, quand même, de comprendre comment fonctionnent les institutions ? Quels sont les risques que vous encourez, si vous dites des choses dont vous n’avez pas des preuves ? Et comment vous devez vous comporter pour faire effectivement et très bien votre travail», ajoute Wardini.
Cependant, l’ancien chef de la Direction des relations publiques des armées (Dirpa) est revenu sur comment, fonctionnent les forces de défense et de sécurité, lors d’un conflit. «Des fois, il y a des choses qu’on ne peut pas dire rapidement. Par exemple, nous les militaires qui allons sur le terrain, même si ce n’est pas sur le terrain, la crise ici au niveau du Sénégal avec les partis politiques, vous êtes sur le terrain en train de communiquer. On ne peut pas permettre à un journaliste quel qu’il soit d’être parmi nos rangs ou bien, dans la crise, est en train de filmer et de dire voilà ce qu’il passe à gauche et à droite, révéler les couloirs logistiques dans nos forces pendant qu’on est en guerre ou bien en crise avec l’autre. Vous révélez ces choses, vous exposez notre opération. Ça, vous devez le comprendre. Il serait bon si on peut s’asseoir autour d’une table, de vous montrer comment on travaille, ce que vous attendez de nous et qu’on tisse une collaboration qui nous permettra une certaine entente. Ça nous permettrait de travailler», a-t-il indiqué.
«Dans un État démocratique, l’opinion publique a besoin de savoir pour mieux contrôler l’action gouvernementale»
Mieux, explique le colonel, «souvent même si vous êtes accrédité, les forces de défense vous sécurisent, vous amènent, vous permettent de faire votre travail, prendre les images, faire votre reportage et on vous sort. Vous êtes sous notre responsabilité. Mais quand vous êtes sous notre responsabilité, il faut également accepter ce qu’on vous demande de faire, même si vous n’êtes pas d’accord, également. Le problème, c’est que le militaire est tenté, si vous ne suivez pas ce qu’il vous demande de faire sur le terrain, de vous exfiltrer et de vous sortir. Et là, on dira qu’on vous a empêché de faire votre travail. Mais, il vous a empêché de faire votre travail parce qu’il veut couvrir également son opération», renseigne l’ancien boss de la Dirpa.
Selon lui, «que ce soit le militaire, le civil, la police, etc. il y a des choses qu’ils ne vous laisseront jamais voir pendant l’opération, parce que c’est en cours, ça menace la vie de ses troupes, ça menace les opérations», indique-t-il pour éclairer la lanterne des jeunes journalistes et parties prenantes de cette rencontre
Vox Populi