COJES–CCIAD : Une journée de sensibilisation pour renforcer la compréhension des mécanismes préférentiels de la CEDEAO

Organisée avec l’appui de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD), cette rencontre a permis de revisiter les fondamentaux de l’intégration économique régionale, depuis le Schéma de Libéralisation des Échanges (SLE) jusqu’au Tarif extérieur commun (TEC).

La Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD) a accueilli, hier, les membres du Collectif des Journalistes Économiques du Sénégal (COJES) pour une journée de sensibilisation consacrée aux mécanismes de traitement préférentiels dans l’espace CEDEAO. Soutenue par la CCIAD, cette session a réuni plus d’une vingtaine de journalistes dans un contexte où les défis de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) renforcent la nécessité de mieux comprendre les règles commerciales régionales.

Le COJES plaide pour un partenariat structuré avec la CCIAD

Dans son discours introductif, le coordonnateur du COJES, Dialigué Faye, a rappelé l’histoire du collectif, né en 1994 dans le sillage de la dévaluation du franc CFA, avec pour vocation de vulgariser l’information économique dans la presse nationale. « Nos membres sont présents dans la presse écrite, audiovisuelle et en ligne », a-t-il souligné, rappelant l’appui constant de partenaires tels que le ministère des Finances, la Banque mondiale ou la Fondation Konrad Adenauer.

Dialigué Faye a également plaidé pour la signature d’une convention entre le COJES et la CCIAD, estimant qu’un tel partenariat permettrait d’organiser des sessions régulières de renforcement de capacités au sein de la Chambre, sur des thématiques en lien direct avec l’économie nationale. En contrepartie, le COJES s’engagerait à accompagner davantage les activités de la CCIAD.

Le président de la CCIAD salue une collaboration stratégique

Présidant la rencontre, au nom de Abdoulaye Sow, président de la CCIAD, Mbaye Chimère Ndiaye, le secrétaire général de la CCIAD, a exprimé sa satisfaction d’accueillir les journalistes économiques pour une séance consacrée aux mécanismes préférentiels : critères d’éligibilité des produits industriels, procédure d’octroi de l’origine communautaire, schéma de libre-échange et délivrance des certificats d’origine.

Selon lui, une meilleure maîtrise de ces mécanismes contribue à renforcer la compétitivité des entreprises sénégalaises dans l’espace communautaire. « La Chambre de Commerce travaille à informer les acteurs économiques sur les secteurs porteurs ; en cela, nos missions convergent avec celles du COJES », a-t-il rappelé.

SLE et règles d’origine : les journalistes plongent au cœur des mécanismes

La première présentation, assurée par l’expert Mamadou Dabo, a posé les bases du Schéma de Libéralisation des Échanges (SLE), fondement de la zone de libre-échange de la CEDEAO. Il a rappelé que le dispositif, né en 1979 pour les produits agricoles et artisanaux, a été élargi en 1990 aux produits industriels.

L’expert a détaillé la procédure d’agrément, articulée en deux phases :

– l’examen des dossiers au niveau des entreprises ;

– puis le passage devant le Comité national de reconnaissance de l’origine communautaire (CNROC).

La preuve d’origine communautaire demeure un élément clé du processus : elle repose sur la délivrance d’un certificat d’origine ou d’une déclaration d’origine sur facture, conformément aux articles réglementaires en vigueur.

Mamadou Dabo a également dressé un tableau lucide des difficultés persistantes :
• entraves à la libre circulation,
• défaut de paramétrage dans les systèmes douaniers,
• lenteurs de notifications UEMOA,
• absence d’harmonisation des règles d’origine,
• manque de communication et de compétences techniques pour accompagner les entreprises.

Colonel Guidado Sow décrypte l’évolution du TEC CEDEAO

La seconde présentation, animée par le colonel Guidado Sow, ancien directeur de la Réglementation et de la Coopération internationale à la Douane sénégalaise, a porté sur le Tarif extérieur commun (TEC) et son évolution au sein de la CEDEAO.

L’expert a rappelé que depuis le 1er janvier 2015, l’Union douanière de la CEDEAO regroupe 15 États autour d’un TEC harmonisé, renforcé par un dispositif complémentaire destiné à protéger les entreprises communautaires face au désarmement tarifaire.

Il est notamment revenu sur la genèse du TEC, passé de quatre à cinq catégories de produits sous l’impulsion du secteur privé et de la société civile, soucieux de mieux protéger l’agriculture et les activités locales. Le TEC vise, entre autres :

la protection de la production communautaire,

la simplification du régime tarifaire,

la lutte contre les détournements de trafic,

et une meilleure ouverture de l’Union sur l’économie mondiale.

Les simulations économiques montrent une légère contraction des importations depuis les pays tiers, plus marquée au Liberia (-10,7 %) et plus faible au Nigeria (-0,13 %). Pour le Sénégal, la baisse est estimée à -0,60 %, avec toutefois des gains de recettes attendus de 3,88 % grâce à la nouvelle politique tarifaire.

Malgré les avancées, le colonel Sow souligne que la CEDEAO peine encore à instaurer une solidarité économique complète entre ses États membres.

Les principaux défis soulevés par les experts face au COJES

  1. Obstacles dans l’application du Schéma de Libéralisation des Échanges (SLE) – Mamadou Dabo

L’expert a mis en lumière plusieurs entraves majeures qui freinent la fluidité du commerce intra-CEDEAO :
• Entraves persistantes à la libre circulation des marchandises malgré les textes communautaires ;
• Mauvais paramétrage des produits originaires dans les systèmes douaniers, entraînant des retards ou des blocages ;
• Indisponibilité des documents de notification CEDEAO/UEMOA, nécessaires pour authentifier l’origine communautaire ;
• Lenteur des notifications au niveau de l’UEMOA et non-publication de certaines informations sur les plateformes officielles ;
• Absence d’un portail dédié à la Taxe Préférentielle Communautaire (TPC), compliquant l’accès des entreprises à l’information ;
• Insuffisance de communication sur les mécanismes préférentiels, d’où une faible appropriation par les opérateurs ;
• Manque de compétences techniques pour accompagner les entreprises dans la constitution des dossiers d’agrément au SLE.

  1. Limites et enjeux autour du Tarif extérieur commun (TEC) – Colonel Guidado Sow

Le spécialiste de la Douane a, de son côté, relevé les défis concernés par la mise en œuvre du TEC CEDEAO :
• Manque d’harmonisation entre les règles d’origine du SLE et celles de la TPC de l’UEMOA ;
• Difficultés à assurer une protection uniforme de la production communautaire, malgré l’introduction de la cinquième bande tarifaire ;
• Faible solidarité régionale, certains États peinant à aligner leurs politiques douanières sur le cadre communautaire ;
• Risques de détournements de trafic liés aux écarts de taxation entre États membres ;
• Défis structurels pour évaluer et accompagner efficacement les secteurs sensibles, notamment l’agriculture et les industries exposées ;
• Nécessité de renforcer les capacités des administrations douanières pour appliquer correctement le TEC et ses instruments complémentaires.

 

Le COJES rassuré et encouragé par la CCIAD

En clôturant la rencontre, Mbaye Chimère Ndiaye, secrétaire général de la CCIAD, a salué « l’engagement constant » du COJES dans la diffusion de l’information économique, rappelant que la CCIAD considère le collectif comme un « allié naturel » dans sa mission d’éclairage du secteur privé sénégalais. Il a assuré les journalistes de la disponibilité du Bureau de la CCIAD à les accompagner dans toutes initiatives visant à amplifier l’information économique au profit des populations et des investisseurs.

Michel DIEYE

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Michel DIEYE

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