Capital humain : le Cap-Vert, le Ghana et le Sénégal en tête au sein de la CEDEAO

Selon le rapport 2024 DCH, la CEDEAO a enregistré ses meilleures performances en santé et nutrition. Des avancées notables ont également été observées en entrepreneuriat, inclusion financière et économie numérique. En revanche, l’éducation et la participation au marché du travail ont enregistré une baisse « préoccupante ».

Au sein de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Cap-Vert, le Ghana et le Sénégal ont affiché les meilleures performances en matière de développement du capital humain entre 2020 et 2022. C’est ce qui ressort du rapport 2024 sur le développement du capital humain (DCH) de l’institution.

Ce rapport biennal, dont la première édition a été publiée en 2022 et met en lumière les performances des Etats membres de la CEDEAO entre 2018 et 2020, constitue un outil stratégique pour orienter les politiques publiques et renforcer les investissements en faveur du développement humain. L’évaluation porte sur trois domaines prioritaires définis dans la stratégie régionale décennale de l’organisation, à savoir : santé et nutrition ; éducation, compétences et participation au marché du travail ; entrepreneuriat, inclusion financière et économie numérique.

Le Cap-Vert maintient sa position de leader régional en DCH, avec une amélioration de l’indice de 0,46 affiché lors du rapport 2022 à 0,48, grâce à des bases solides en santé et nutrition. En éducation, bien que des progrès aient été réalisés, le pays fait face à des défis comme la déscolarisation due aux disparités régionales et au coût élevé de l’accès à Internet.

En entrepreneuriat et inclusion numérique, 71,2% de la population a accès à Internet, mais des efforts sont nécessaires pour améliorer la connectivité. Le pays excelle également en parité hommes-femmes, avec des programmes ciblant la santé maternelle, l’accès à l’éducation et le soutien à l’entrepreneuriat féminin.

Le Ghana occupe la deuxième place avec un indice de 0,36 contre 0,34 enregistré pour le rapport 2022, soit une progression de 5,4%. Ses performances en santé et nutrition ont progressé grâce à des initiatives en planification familiale, santé maternelle et gestion communautaire de la malnutrition. En éducation, le pays a enregistré un recul sur plusieurs indicateurs, excepté le taux d’alphabétisation des jeunes et la proportion de jeunes NEET.

Les progrès en inclusion financière et économie numérique sont portés par des investissements en infrastructures TIC, favorisant une augmentation du taux d’utilisation d’Internet. Cependant, la parité hommes-femmes s’est dégradée, les femmes ayant un accès limité à l’éducation et aux services financiers. Pour inverser cette tendance, des initiatives ciblées ont été mises en place, telles que des bourses scolaires pour les filles et des microcrédits destinés aux entrepreneures.

Avec un indice de 0,33 contre 0,30 en 2022, soit une amélioration de 11%, le Sénégal se positionne au troisième rang. Les avancées sont portées par des progrès en santé et nutrition et en entrepreneuriat, inclusion financière et économie numérique. Toutefois, le pays enregistre un recul en éducation, compétences et participation au marché du travail.

Sur la parité hommes-femmes, des progrès sont notés en éducation, mais des obstacles persistent en santé et en inclusion financière, limitant l’accès des femmes aux postes de décision. Pour y remédier, des projets comme la Stratégie nationale École des maris et le Projet régional pour l’élimination de la fistule obstétricale ont été adoptés.

Des améliorations globales

D’autres pays ont aussi enregistré des avancées notables, notamment le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Nigeria, le Niger et le Mali. Certains pays connaissent toutefois une régression, notamment la Gambie et la Sierra Leone et devraient renforcer leurs efforts en matière de santé, d’éducation et d’inclusion financière.

Dans la globalité, la CEDEAO note une nette amélioration dans plusieurs secteurs, en affichant une progression de 12% avec un indice qui passe à 0,27 contre 0,24 dans le précédent rapport.

Le domaine de l’entrepreneuriat, de l’inclusion financière et de l’économie numérique a enregistré une croissance exceptionnelle de 50%, portée par l’augmentation de la pénétration d’Internet et le renforcement des infrastructures numériques.

Le secteur de la santé et de la nutrition a progressé de près de 10% grâce à la réduction des taux de mortalité maternelle et du mariage des enfants, ainsi qu’à une hausse des dépenses publiques en santé. L’inclusion du genre a progressé de 3%, notamment en raison d’une plus grande participation des femmes dans l’entrepreneuriat et l’économie numérique.

En revanche, le secteur de l’éducation, du développement des compétences et de la participation au marché du travail a connu une baisse préoccupante de 7,02%, en raison de la diminution des investissements publics dans l’éducation. Cette situation met en évidence la nécessité d’un renforcement urgent du financement du secteur.

Pour remédier à ces disparités et accélérer la transformation socio-économique régionale, le rapport 2024 sur le DCH recommande plusieurs stratégies aux gouvernements et décideurs politiques. Parmi elles figurent la promotion de l’éducation et de l’inclusion de genre grâce à des politiques adaptées, le renforcement de la résilience par l’investissement dans des systèmes de santé et d’éducation capables de résister aux crises, une meilleure harmonisation de la collecte de données pour des décisions fondées sur des preuves, ainsi que l’élargissement de l’accès à la technologie pour améliorer l’éducation, la santé et l’économie.

« Une coopération régionale renforcée, la mobilisation de ressources variées et l’investissement dans les infrastructures numériques seront des leviers essentiels pour surmonter les défis et saisir les opportunités, en vue de développer une main-d’œuvre qualifiée, en bonne santé et innovante », peut-on lire dans le rapport.

Notons qu’en 2020, le score moyen de l’indice de capital humain (ICH) pour les pays de la CEDEAO était de 0,38, le plus bas en Afrique. A l’horizon 2030, la CEDEAO ambitionne de devenir la « communauté économique régionale la plus performante en matière de DCH sur le continent » avec un score de 0,45. Pour atteindre cet objectif, elle devrait améliorer sa performance de 5% par an en moyenne sur tous les indicateurs.

« Il est certain que l’atteinte de nos objectifs pour 2030 sera un défi. Cependant, avec une orientation claire et un engagement inébranlable dans la mobilisation des ressources, tant humaines que financières, nous pouvons réaliser notre vision d’une CEDEAO des peuples : paix et prospérité pour tous », a déclaré Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO.

Comparativement au rapport 2023-2024 de l’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Cap-Vert et le Ghana qui affichent des scores respectifs de 0,661 et 0,602 figurent dans la catégorie « développement humain moyen », tandis que le Sénégal avec son score de 0,517, est classé dans la catégorie « développement humain faible ».

S agenceecofin.com

Momar Diack SECK
Up Next

Related Posts