Calculs d’épicier d’un Etat qui minimise les enjeux du sport -Par Mamadou Lamine Diatta

La Chronique De MLD -L’actualité liée à la participation du Jaraaf et de Génération Foot aux compétitions internationales met en lumière l’approche naïve et peu ambitieuse des pouvoirs publics relativement à la prise en charge des sportifs du Sénégal en général et du monde du football en particulier. Il y’a eu récemment le cri du cœur de l’athlète du triple-saut Saly Sarr pourtant finalement classée 6ème mondiale à l’issue des championnats du monde de Tokyo malgré le lâchage du ministère de tutelle.

Là, il s’agit particulièrement du Jaraaf et de Génération Foot pourtant soutenus sans tambour ni trompettes par la fédération sénégalaise de foot à hauteur de  25 millions pour chaque club. Reste à combler le gap surtout que pour le Jaraaf champion du Sénégal en titre, le budget global pour le séjour en terre ivoirienne est évalué à 50 millions de FCFA.

Madame le ministre des sports avait très tôt annoncé la couleur : cette année pas d’appui en direction des clubs sénégalais qui nous représentent dans les compétitions africaines. Le ministère ayant décidé de concentrer ses efforts autour des équipes nationales. L’Etat a  ses réalités et on peut valablement le comprendre. Mais on a du mal à constater  l’apathie des clubs concernés qui n’ont exercé aucun lobbying car la fameuse décision du ministre date du 21 février 2025.

Pour autant, force est de reconnaître que le ministère a quelque part le devoir et surtout l’obligation de soutenir les deux clubs sénégalais en mission dans ces compétitions africaines… En Afrique, l’État est quasiment au four et au moulin dans le sport et ailleurs d’autant qu’il reste le principal pourvoyeur de ressources.

Le problème avec l’actuel pouvoir c’est que le sport est quelque part traité en paria, du moins de manière peu lisible.

D’abord une approche élitiste basée essentiellement sur le populisme et la politique politicienne.

Autant le Président Bassirou Diomaye Faye avait fait preuve d’un Leadership transformationnel remarquable le matin du match des Lions du football à Kinshasa en galvanisant nos troupes au téléphone, autant Mme le ministre des sports maltraite les acteurs du sport local avec des réformes structurelles peu inclusives qui ne prennent pas souvent en compte les intérêts des principaux acteurs du Game.

Comme si le régime voulait perpétuer les vieilles pratiques de la politique des campagnes. Une stratégie élitiste privilégiant les flonflons, le strass et les paillettes des compétitions comme la CAN ou la coupe du monde et qui snobe la base à savoir ces clubs qui ont d’ailleurs plus besoin de soutien que toutes les autres composantes de l’écosystème.

De même, la  stratégie de type dirigiste du ministre des sports fait  carrément désordre. Madame Khady Diène Gaye, il faut savoir que le sport est loin d’être une charge voire un boulet pour le budget national. C’est plutôt une véritable opportunité, une industrie qui génère au quotidien des richesses insoupçonnées et partagées.

Sans oublier le fait notoire que le football estampillé sport- roi reste à ce jour un puissant levier de développement, un instrument de soft-power de nature à mieux positionner l’image du Sénégal à l’international.

C’est cela la réalité et il faut donc éviter ces calculs d’épicier de nature à installer le brouillard sur la route de nos vaillants représentants dans les compétitions internationales.

Tout de même, le gouvernement Diomaye/Sonko 2  a envoyé quelques signaux positifs pour avoir enfin  dédié un département entier à la jeunesse et aux sports histoire de revenir à l’orthodoxie.

Les sportifs sont à l’image des artistes. Il faut savoir les approcher par le bon bout avec tact et respect dans le cadre d’une démarche inclusive. Surtout qu’ils n’ont jamais demandé la lune.

Évidemment, il s’agira de faire aussi le procès des clubs sénégalais de football qui ont leur part de responsabilité. Leur structuration informelle est à l’origine du fait qu’ils ne sont même pas organisés sous forme  de sociétés de gestion malgré l’irruption du professionnalisme en vigueur depuis 2009.

Dans ces conditions, comment lever des fonds  auprès des banques ? Par le biais de quelle comptabilité fonctionnent ces entités obsolètes ? Quid de ce qu’il est convenu d’appeler  la nébuleuse des transferts de joueurs vers l’Europe ? Celle des comptes bancaires également. Bref, une absence notoire de traçabilité qui fait le lit d’un amateurisme marron. Autant dire que l’exercice de transparence est raté au départ. Ce qui a visiblement le don de doucher les ardeurs de ceux qui incarnent actuellement l’État et d’installer un climat de méfiance.

Tout est lié !

 

Dieyna SENE
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