Barthélémy Dias adoube Macky Sall : De pourfendeur à flagorneur

Au rythme où vont les trahisons et les reniements dans le landerneau politique sénégalais, on peut dire sans risque de se tromper que la morale et l’éthique ne sont plus les vertus cardinales qui dictent aux acteurs politiques leur conduite. Elle est lointaine, l’époque où Barthélémy Dias avait la critique acerbe contre Macky Sall et sa moindre sortie contre l’apériste en chef était une espèce de diagnostic froid contre ce dernier.

Le « Bad Boy » du landerneau politique sénégalais est, en effet, passé de détracteur à « homme de paix » . “Je suis l’initiateur du dialogue avec Macky Sall”, déclame Dias fils.

En réalité, il est fréquent de voir aujourd’hui, des politiciens, intellectuels et journalistes, citoyens lambda, chanter les louanges d’hommes ou de femmes qu’ils ont eu à traiter de tous les noms dans le passé. Et l’un des cas les plus illustratifs est le dénigrement d’hier de Barthélémy Dias sur son ami Ousmane Sonko et adoubant Macky Sall.

Combien de fois Barth’ a-t-il traîné dans la boue Macky Sall l’accusant de tous les péchés d’Israël. Le maire de Dakar, subitement, s’est forgé sans nul doute une personnalité flagorneuse.

Il a maîtrisé l’enseignement de la fable «La cour du lion» de Jean de La Fontaine: «Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, ni fade adulateur, ni parleur trop sincère…»

Mais celui qui, aujourd’hui, a intégré le staff des Lions, s’est déjà fait sa religion : «il ne faut pas cracher dans l’assiette où on a mangé». Comme les hommes politiques, certes pas tous, Barth’ « appelé à la mangeoire » ou au gré des compromissions avec le pouvoir, a vite fait de retourner leur veste. Un revirement qui a déclenché la guerre des tranchées à Yewwi Askan Wi où les leaders qui la composent multiplient les escarmouches.

Les balles fusent à Yewwi Askan Wi. Confrontée à une crise interne sur fond de guerre d’égos, la plus forte coalition de l’opposition se déchire. Les membres de Taxawu s’en prennent aux Pastéfiens. Les deux camps antagonistes retranchés derrière leurs positions, multiplient les escarmouches par médias interposés.

Cette attitude de reniement de Barth’ des plus Judas semble malheureusement être la règle de conduite de beaucoup de nos politiciens locaux qui n’hésitent plus à renier leurs convictions et trahir leurs amitiés d’hier.

Le plus grave dans cette sarabande endiablée de renégats, est que ces damnés sans foi ni morale envahissent l’espace politico-médiatique avec tous les risques d’influence et d’impact négatif sur la jeune génération. Le reniement et la trahison désignent chez les politiques, des changements brusques de position et d’alliés en fonction du contexte et du dynamisme politiques.

Ainsi, dire d’un individu qu’il pratique aisément le compromis revient à désigner quelqu’un de peu scrupuleux qui n’hésite pas, à l’occasion, à revenir sur sa parole, à trahir ou se dégager de ses amis ainsi que de l’ensemble des règles qui régulent le jeu politique afin de conserver une position avantageuse pour lui, ou d’obtenir des ressources dont l’aurait privé la conformité à une morale.

En vérité, ces nombreuses personnalités du gotha politique et social peaufinent sournoisement des stratégies de reniement tout en restant scotchés à leurs sinécures.

Victor Hugo avait certainement raison en disant qu’une caresse préalable assaisonne les trahisons…

NB : Dans les cérémonies religieuses, le thuriféraire porte l’encensoir. Dans le civil, sa langue. C’est le flagorneur. Toujours une question de parfums ou de mauvaises odeurs.

Le Peuple

Saphiétou Mbengue
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