Malgré la suspension des importations de bananes décidée par l’Agence de régulation des marchés (ARM), les prix n’ont toujours pas baissé sur les étals de Dakar. Un reportage du soleil.sn révèle qu’entre attentes des consommateurs et inquiétudes des vendeurs, le marché reste tendu.
Une dizaine de jours après l’annonce du gel des importations de bananes par l’Agence de régulation des marchés (ARM), les prix n’affichent toujours pas la baisse attendue. Dans les rues commerçantes de Dakar, notamment au marché Sandiniéri, le kilogramme continue de se vendre autour de 1 000 FCFA, alors que les autorités espéraient une réduction de 20 %.
L’ARM avait justifié cette mesure par la volonté de soutenir les 8 000 producteurs nationaux et de promouvoir la consommation locale. Selon son directeur, Babacar Sembène, l’objectif est clair : « passer de 1 000 à 800 FCFA le kilo pour le consommateur », comme il l’a rappelé dans un entretien au journal Le Soleil.
Mais, selon le constat du soleil.sn, la réalité du terrain est plus complexe. Les commerçants invoquent la présence encore importante de stocks importés, difficiles à écouler rapidement. À cela s’ajoutent des problèmes de conservation de la banane locale, qui mûrit plus vite et entraîne des pertes si elle n’est pas écoulée à temps.
Dans les allées du marché Sandiniéri, les opinions divergent. Penda Faye, une cliente fidèle, affirme que la banane locale est « bien plus savoureuse » que l’importée. Mais Issa, un Ivoirien habitué du marché, estime au contraire que « la banane importée est plus jolie et se conserve mieux ».
Les restaurateurs expriment une autre inquiétude : celle de la diversité. « La banane aloco est à la mode, mais elle n’est pas produite localement. Elle vient de Côte d’Ivoire. Sans elle, nous perdrons une part de notre clientèle », témoigne une commerçante.
Pour éviter toute rupture, l’ARM a annoncé la mise en place d’un comité de suivi hebdomadaire ainsi que la disponibilité d’une chambre froide de 700 tonnes au Marché d’intérêt national. Reste à voir si ces mesures permettront de réguler efficacement les prix et d’accompagner la transition vers l’autosuffisance, fixée à l’horizon 2029.