Dans une prise de position vigoureuse, le syndicat And Gueusseum a réagi aux récentes déclarations du Premier ministre concernant l’état des finances publiques et les attentes des travailleurs. Bien que le syndicat salue l’ambition du référentiel Sénégal 2050, qui met en avant le renforcement du capital humain pour davantage d’équité sociale, il s’inquiète des demandes adressées aux organisations syndicales d’accepter une « armistice sociale » face à la situation budgétaire actuelle.
Une demande de sacrifices jugée inacceptable
And Gueusseum dénonce une forme d’injustice dans les propos du Premier ministre, qui suggère aux syndicats de remodeler leurs revendications « par patriotisme », en attendant une amélioration des finances publiques. Selon le syndicat, cette approche consiste à exiger des sacrifices des travailleurs, tandis que les gouvernants continuent de bénéficier de leurs privilèges.
Le syndicat rappelle au Premier ministre que les engagements sociaux en cours ont autant de poids que les autres priorités de l’État. « Nous ne réclamons rien de plus que le respect des accords déjà signés », insiste And Gueusseum, soulignant que de nouvelles préoccupations surgiront toujours et devront également être prises en compte.
« La politique doit trouver ses moyens »
And Gueusseum oppose une fin de non-recevoir à l’appel du Premier ministre, en réaffirmant sa position exprimée à l’ancien président Macky Sall : « Il revient au gouvernement de trouver les moyens de sa politique, et non de mener une politique limitée par ses moyens, au détriment du bien-être des travailleurs. » Le syndicat rappelle qu’en mai 2022, c’est après une mobilisation déterminée que des hausses substantielles de salaires avaient été accordées aux agents de santé et de l’action sociale.
Une équité sociale encore incomplète
Le syndicat insiste également sur la nécessité de motiver et valoriser les ressources humaines pour assurer un développement durable. « L’équité sociale passe aussi par la revalorisation des salaires des agents des collectivités territoriales, qui sont restés en marge, alors que leurs collègues ont bénéficié d’augmentations dès le 30 mai 2022 », souligne-t-il.
Infrastructures sanitaires et précarité du personnel
Saluant l’orientation vers une politique de santé préventive, And Gueusseum met en garde contre le recrutement désordonné d’agents sans une mise à jour de la carte sanitaire. Le syndicat pointe du doigt le déficit criant de personnel de santé, qui pousse l’État à recourir massivement à des contrats précaires.
Sur le volet infrastructurel, And Gueusseum critique la planification jugée insuffisante des autorités : « Dans un contexte où la population doublera d’ici 2040, la construction de seulement 10 hôpitaux de niveau 3 et un EPS de niveau 4 en 25 ans semble inadaptée. Une meilleure option serait de favoriser la création d’hôpitaux départementaux de proximité afin de réduire l’iniquité géographique et financière dans l’accès aux soins. »
Le syndicat n’a pas manqué de dénoncer le sous-financement persistant de l’action sociale, parent pauvre du secteur, avec une absence de centres de promotion et de réinsertion sociale (CPRS), essentiels pour le bon fonctionnement des services de la Direction générale de l’action sociale.
Appel au dialogue et avertissement
Enfin, And Gueusseum déplore l’absence de réponse à sa correspondance envoyée au Premier ministre le 22 avril 2024 en vue de l’organisation d’une plénière de dialogue. « Nous prenons acte de ce silence et en appelons à l’opinion publique nationale et africaine », déclare le syndicat. « Dans le monde syndical, l’armistice ne se décrète pas, elle se construit à travers le dialogue. C’est ce que nous demandons, rien de plus. »
Le ton est donné : « And Gueusseum n’entend pas renoncer à la défense des droits des travailleurs et enjoint le gouvernement à honorer ses engagements sans attendre des jours meilleurs. » Conclut le communiqué