Point de presse – Mardi 21 octobre 2025
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Chers invités,
Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation.
Si nous avons convié aujourd’hui la presse nationale et internationale, c’est pour rétablir la vérité sur une affaire qui, à la faveur d’interprétations biaisées et de manœuvres d’intimidation, vise à discréditer mon entreprise, PROD’ADF, et à me faire taire personnellement. Il s’agit du différend qui m’oppose à la Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE).
- Rappel des faits
En 2022, la société PROD’ADF SUARL a contracté auprès de la BNDE un prêt. Le montant du prêt est de presque 100 millions de franc CFA intérêts y compris. Nous avons mensuellement et régulièrement remboursé 1 650 000F CFA. A ce jour la BNDE nous réclame 49 millions de francs CFA.
L’entreprise de presse et de communication PROD’ADF a été créé en 2013 et c’est en 2022 qu’elle a démarré ses activités avec la création d’une Web TV dénommée PublicSN TV. Le prêt de la BNDE a servi à la mise en place de cette chaîne YouTube avec l’achat d’une partie de la logistique et la constitution d’un fonds de roulement pour le fonctionnement de l’entreprise comme les salaires, les charges locatives et divers.
Pour garantir ce prêt :
* Nous avons versé un dépôt de 20 % du montant total ;
* Le FONGIP a apporté une garantie à hauteur de 70% du montant total.
Depuis la mise en place du prêt, nous avons remboursé régulièrement en principal et intérêts une partie importante du montant dû, avant que les attaques répétées contre notre média ne viennent bouleverser notre équilibre économique.
- Les difficultés rencontrées
Les mesures de harcèlement et de répression dirigées contre PUBLICSN TV — notamment les signalements abusifs, les suspensions de diffusion, et la privation de publicité institutionnelle — ont profondément affecté nos revenus.
C’est dans ce contexte difficile que nous avons sollicité auprès de la BNDE une restructuration de notre dette, conformément aux pratiques bancaires normales.
- Le revirement de la BNDE
Nous avons eu l’honnêteté de saisir la BNDE par mails et courriers physiques pour lui exposer les difficultés de l’entreprise, en sollicitant une restructuration du prêt consistant à une rallonge de la durée de 5 ans a 10ans pour baisser le montant du remboursement mensuel, un différé du dit remboursement de 6 mois et le déblocage du déposit de 20% pour solder les impayés. Nous avons aussi par la même occasion exposé notre plan de survie de l’entreprise qui repose essentiellement sur les revenus du serveur vocal souscrit via un contrat avec la Sonatel.
Un investissement très lourd. A ce jour public sn tv est la seule chaîne YouTube détentrice d’un serveur vocal. Nous lui avions aussi parlé des nouveaux produits du groupe comme le site internet public sn et le quotidien le public dont nous espérions des revenus via les abonnements étant donné que l’état nous a privé comme toutes les entreprises de presse de conventions et marchés publicitaires.
Ce plan de sauvetage les a convaincus au point de l’avoir validé avec toutefois un bémol : la BNDE a maintenu la durée du prêt de 60 mois avec les mêmes conditions et une baisse de 10% environ du remboursement mensuel contrairement à ce que nous avions sollicité. Elle a aussi accepté le différé de paiement de 6 mois. La notification commerciale ainsi que tous les autres documents sont sur cette table à votre disposition.
Je me suis rendue sur place en signant tout. Le FONGIP m’a appelé pour que je valide les propositions de la banque ce que j’ai fait et le FONGIP a reconduit sa caution ce qui a permis à la banque de finaliser notre nouvel accord devant notaire dont les frais ont été débites par la banque qui me l’a notifié. Les documents sont là. Avec le différé de paiement normalement je devais commencer le remboursement mensuel au début de l’année prochaine.
Cet accord de restructuration a donc valeur d’engagement légal.
A ma grande surprise il y a presque un mois la banque m’a recontacté avec de nouvelles conditions alors que tout était déjà signé et acté.
La BNDE a donc fait volte-face, exigeant le remboursement immédiat du solde restant et nous menaçant de poursuites pénales pour « détournement de prêt consenti par l’État ».
Une telle dérive est inacceptable.
La BNDE, établissement public sous tutelle étatique, a transformé un différend purement commercial en une affaire politique, avec l’intention manifeste de faire taire une voix indépendante.
Et c’est le début d’un harcèlement et d’une persécution bancaire inouïe contre ma personne et mon entreprise avec des menaces à peine voilée. Menace exécutée il y a 15 jours par voie d’huissier me notifiant la clôture unilatérale et sans préavis de mon compte en me réclamant le paiement immédiat sous huitaine des 49 millions dus. Vendredi dernier le même huissier est revenu avec un acte m’informant que la BNDE allait saisir cette semaine le procureur du tribunal correctionnel de Dakar via une plainte contre moi pour détournement de prêt consenti par l’état. La BNDE donc choisit de pénaliser une affaire civile en me calomniant et m’accusant de détournement. Le but ici est clair : la BNDE semble être l’arme fatale du régime Sonko-Diomaye pour achever Aïssatou Diop Fall et son entreprise en me jetant en prison et après venir saisir mon outil de travail et fermer cette entreprise qui emploie des dizaines de pères et de soutiens de famille.
- Clarifications juridiques
Au plan commercial, la loi est claire :
Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites.
La BNDE est donc juridiquement tenue d’appliquer le plan de restructuration signé devant notaire.
Par ailleurs, le dépôt initial de 20 % du montant du prêt doit être pris en compte dans le calcul du solde restant dû, ce que la banque refuse arbitrairement.
Au plan pénal, les menaces brandies par la BNDE sont infondées et calomnieuses.
L’article 385 du Code pénal sur le “détournement de prêt consenti par l’État” suppose que les fonds aient été utilisés à d’autres fins que celles prévues.
Or, PROD’ADF existe, Public SN TV émet quotidiennement, et l’ensemble du matériel financé est visible, inventorié et fonctionnel.
Même des équipes de la BNDE ont visité nos locaux et constaté la réalité de nos investissements.
Il ne peut donc être question de détournement, encore moins de faute pénale.
Par ailleurs, le prêt a été accordé à la société PROD’ADF SUARL, personne morale distincte de sa dirigeante.
- Une manœuvre d’intimidation politique
Tout porte à croire que la démarche actuelle de la BNDE n’a rien de bancaire.
Elle s’inscrit dans une campagne de persécution orchestrée contre les médias indépendants, après l’échec de la tentative de fermeture menée par le Ministère de la Communication.
Cette instrumentalisation d’une banque publique à des fins politiciennes est une atteinte grave à la liberté d’entreprise et à la liberté de la presse.
- Position de PROD’ADF
Je tiens à affirmer, avec force et sérénité :
* PROD’ADF n’a détourné aucun fonds ;
* PROD’ADF honore ses engagements et réclame simplement le respect de la loi et des accords signés ;
* Si la BNDE souhaite récupérer sa créance, qu’elle saisisse le Tribunal de commerce, non pas les tribunaux pénaux.
Mais si elle choisit la voie de la diffamation et de la calomnie, nous userons de toutes les voies de droit pour défendre notre honneur, nos droits et notre liberté.
- Conclusion
Cette affaire dépasse ma seule personne.
Elle pose la question essentielle de la protection des entrepreneurs et des médias face à la dérive autoritaire d’institutions publiques.
Aujourd’hui, c’est Aïssatou Diop Fall et PROD’ADF ; demain, ce pourrait être n’importe quel autre acteur économique ou médiatique.
Nous restons debout, fidèles à notre mission : informer, éclairer et servir le peuple sénégalais dans la vérité et la dignité.
Je vous remercie.
Madame Aïssatou Diop Fall
Présidente Directrice Générale du Groupe PROD’ADF,
éditrice de Publicsn TV