Les délégués du personnel d’Air Sénégal tirent la sonnette d’alarme. Dans une note d’alerte adressée aux autorités, ils dénoncent une crise financière, opérationnelle et sociale sans précédent, et exigent des mesures urgentes pour sauver le pavillon national.
Selon le quotidien L’As, les représentants du personnel d’Air Sénégal ont publié un document choc pointant une situation « au bord de l’asphyxie ». Endettée à hauteur de plusieurs centaines de milliards de francs CFA, la compagnie nationale croule sous les dettes auprès de ses fournisseurs et partenaires financiers.
Les délégués dénoncent des « décisions managériales hasardeuses », notamment l’achat d’appareils en contradiction avec le business plan initial et la multiplication d’affrètements ACMI (avions loués avec équipage) ayant coûté, rien qu’en 2025, plus de 60 milliards de francs CFA, sans retour sur investissement.
Sur le plan opérationnel, le constat est tout aussi alarmant : alors que la compagnie exploitait encore quatre avions sur huit à l’été 2024, un seul appareil — un ATR72 — serait aujourd’hui en service. Les deux Airbus A330-900 NEO, symboles du renouveau d’Air Sénégal, sont immobilisés depuis plusieurs mois à Dakar et à Rome. Pour maintenir la liaison Dakar–Paris, la direction aurait loué un Boeing 777 âgé de 22 ans, dont les coûts d’exploitation seraient 30 % plus élevés.
Les syndicalistes soulignent également le remplacement précipité de la flotte régionale par trois A320 loués auprès de GetJet, une opération jugée « onéreuse et décidée dans l’urgence ». À cela s’ajoutent des retards de salaires, des tensions avec les fournisseurs et un climat social tendu, marqué par des licenciements qualifiés d’abusifs.
Les délégués du personnel dénoncent enfin une organisation interne « sans vision stratégique », minée par des nominations sans transparence, un manque de cohésion et des soupçons de népotisme. Ils saluent toutefois la décision du Conseil interministériel du 3 avril 2025 d’ordonner un audit complet de la compagnie, mais appellent à des mesures immédiates pour préserver cet « outil de souveraineté et de rayonnement national ».
Le quotidien L’As rapporte que les délégués comptent solliciter une audience auprès de l’autorité de tutelle afin de présenter des propositions concrètes pour redresser la compagnie.


