Activer les leviers culturels pour forger un imaginaire collectif Par Khady Gadiaga

Il semble que le nouvel opus de Cyrille Touré, alias Thiat ait secoué la sphère homopastefensis. Les indignations fusent et la colère gronde. L’artiste est indéniablement dans son rôle d’activiste et de pourfendeur de l’autorité en selle, constant dans son style transgressif, entre provocation et revendication.

Historiquement, le hip-hop s’est toujours confronté aux institutions, à l’autorité et au public, que ce soit de manière délibérée ou involontaire. Le mouvement artistique transgressif, qui cherche à perturber les codes en vigueur, est parfois perçu comme une agression par le public. La ligne est souvent mince entre agression et transgression.

 

Toutefois, la vraie force de la transgression réside dans sa capacité à ouvrir un dialogue, pas seulement à détruire. La transgression n’est pas anarchie, mais une transformation : déconstruire pour reconstruire, comme le sculpteur qui brise la pierre pour en faire émerger une forme. Elle nous fait dépasser les apparences pour toucher à l’essentiel.

L’artiste organique doit savoir franchir les interdits, non pour les nier, mais pour les dépasser car l’harmonie naît de la tension entre opposés. Il faut toutefois reconnaître que

la transgression pour la transgression peut tomber dans le vide ou la provocation stérile.  Briser les formes doit servir une quête de vérité, non un simple rejet. Elle peut être un moteur puissant de la création, à condition qu’elle serve une vision, une quête de sens. Sinon, elle n’est qu’un bruit éphémère.

 

Toute cette rhétorique ne vise qu’à asseoir l’idée que le politique doit activer le culturel pour forger l’imaginaire.  Les actions et les décisions politiques devraient viser à stimuler et à utiliser la culture pour façonner la façon dont les citoyens pensent et voient le monde. En d’autres termes, la politique devrait s’appuyer sur la culture pour créer un imaginaire collectif qui soutient les valeurs et les objectifs d’une société.

 

Un projet révolutionnaire a besoin de leviers culturels pour s’implanter dans l’imaginaire collectif des sénégalais. La culture ne se limite pas à désigner les œuvres de l’esprit, les produits des beaux-arts et des belles-lettres ; à l’autre, dans l’anthropologie culturaliste, elle recouvre le proprement humain de l’homme, Une acception intermédiaire de la culture, qui comprend la zone où sont produites et diffusées les valeurs, les identifications, les légitimations et les motivations qui accompagnent inévitablement, sans jamais pouvoir y être réduites, les simples impératifs fonctionnels des mécanismes de la vie sociale, les désirs écologiques et l’imaginaire collectif qui servent de pôles d’orientation aux représentations et aux pratiques sociales.

 

Je me suis faite une religion sur le fait que nos autorités sont très peu poreuses à la Culture qui pourtant est une propédeutique à l’entrée dans la vie publique au sens où elle répond à l’horizon d’attente d’une vie sociale et politique.  Pour elles, le fait culturel n’a semble t-il que peu de valeur en lui-même et est considéré superflu ou inutile au regard de l’homme accompli.

Quel est donc le sens de cette culture, censée être idéalement au début et à fin de tout développement et qui apparaît vain au moment même où devraient s’accomplir semble-t-il, l’humanité de l’homme via  de profondes mutations paradigmatiques?

 

Il nous activer le culturel, c’est à dire utiliser la culture comme un outil pour atteindre des objectifs politiques. Cela peut impliquer de promouvoir certaines valeurs, de créer des symboles forts, de favoriser l’expression artistique ou de soutenir des initiatives culturelles qui renforcent le lien social et l’appartenance à un même destin.

 

C’est par cette démarche a la fois symbolique et pragmatique que nous pourrons forger un imaginaire commun qui implique de construire une vision collective du monde, un ensemble de représentations et de schémas de pensée qui influencent la manière dont les citoyens perçoivent la réalité, prennent des décisions et agissent.

 

En somme, il est clair que la politique ne doit pas être uniquement une question de gestion administrative, mais qu’elle doit aussi s’engager dans la construction d’un imaginaire collectif à travers la culture. Cela permettrait de créer une société plus cohésive, avec des valeurs partagées et une vision commune de l’avenir.

 

Par exemple, un gouvernement pourrait utiliser des festivals culturels pour promouvoir des valeurs de tolérance et de diversité, ou encourager la création artistique pour exprimer des idées de progrès et de changement social.

En d’autres termes, la politique peut utiliser la culture comme un levier pour influencer les mentalités, renforcer l’identité nationale, ou encore mobiliser les citoyens autour de projets communs. Il est temps d’envisager le gatsa-gatsa culturel pour revitaliser nos énergies de construction d’un commun vouloir de vivre ensemble et de défense du bien commun.

 

K.G 18 août 2025

 

Dieyna SENE
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