Pourquoi Pastef N’a Pas Été Suffisamment Préparé A L’exercice Du Pouvoir ?Par Maimouna Dia

Comme nous le savons PASTEF s’est construit dans la lutte, la résistance et le sacrifice. Il a affronté la répression, les arrestations, l’exil, la diabolisation médiatique et politique.

 

Cette trajectoire héroïque a forgé une base militante solide et loyale, mais elle n’a pas permis, dans le même temps, de préparer sereinement l’exercice du pouvoir d’État.

 

Frantz Fanon nous a inspiré, car nous ne devions pas rater ce train de l’histoire et en bandoulière nous scandions fièrement que « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. »

 

Aujourd’hui, la mission historique de PASTEF n’est plus seulement de conquérir le pouvoir, mais de le structurer et de l’exercer sans trahir l’idéal de rupture qui l’a porté.

 

Ousmane Sonko est incontestablement le pilier central sur lequel repose l’essentiel du projet. Or, aucun chef de parti, aussi charismatique et déterminé soit-il, ne peut gouverner durablement sans une équipe politique structurée, loyale et préparée.

 

Le constat est clair : il manque autour de lui des lieutenants solides, capables de le seconder, de porter la vision et d’assumer des responsabilités stratégiques.

 

Or, la nature ayant horreur du vide, celui-ci a été comblé. Non pas par les cadres issus de la lutte, éprouvés par la persécution sous le régime de Macky Sall, mais par des alliés de dernière minute, plus aguerris aux arcanes du pouvoir qu’aux exigences de la rupture.

 

Fanon puisqu’il est à l’honneur, nous mettait déjà en garde contre ce glissement lorsqu’il affirmait : « La bourgeoisie nationale, qui prend le pouvoir à la fin du régime colonial, est une bourgeoisie sous-développée, sans puissance économique, et dont l’esprit est tourné vers l’imitation. »

 

Ces acteurs au pedigree institutionnel plus imposant n’ont ni partagé les sacrifices ni subi la répression. Ils ont simplement senti le vent tourner. Leur présence pose un risque réel : celui de la dilution du projet de rupture dans des logiques de conservation, de partage du gâteau et de reproduction du système.

 

PASTEF n’a pas manqué de vision ni de légitimité populaire, mais plutôt d’une préparation organisationnelle à l’exercice du pouvoir : formation de cadres administratifs, structuration interne, clarification des rôles et protection du projet contre l’opportunisme.

 

Nous nous sommes engagés pour une exigence de lucidité et de responsabilité historique. Car, la rupture ne peut être portée par ceux qui n’y ont jamais cru. Le creuset de compétences est bien là mais il n’est pas utilisé à sa juste valeur. Que nos instances assument pleinement leur rôle pour former et accompagner les militants.

 

Maimouna Dia

 

Dieyna SENE
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