Sénégal- Transition énergétique : un rapport alerte sur les impacts du pétrole et du gaz et propose une feuille de route pour une transition juste

Un rapport exhaustif sur les dynamiques énergétiques au Sénégal analyse les risques environnementaux, économiques et sociaux liés à l’entrée dans l’ère pétro-gazière, tout en mettant en avant les opportunités et les limites actuelles de la transition vers les énergies renouvelables.

Le Sénégal vit un moment charnière où l’exploitation du pétrole et du gaz — avec les projets Sangomar, GTA et Yakaar–Teranga — coexiste avec l’ambition affichée d’une transition énergétique juste. Un nouveau rapport, fondé sur une méthodologie mixte qualitative-quantitative et une collecte de données dans sept zones clés (Dionewar, Djiffer, Saint-Louis, Kayar, Taïba Ndiaye, Bokhol, Guet Ndar), met en lumière les réalités territoriales, les perceptions sociales et les impacts environnementaux et économiques du secteur énergétique.

L’étude souligne que la dépendance historique du pays aux énergies fossiles, aggravée par les projets pétro-gaziers, exacerbe les risques : pollution marine, perturbation des habitats côtiers, bruits sous-marins, altération des sédiments, introduction d’espèces invasives, sans oublier l’augmentation des émissions de CO₂ et surtout de méthane, compromettant l’objectif de réduction de 30 % des GES fixé dans la CDN.

Les conséquences pour les communautés côtières sont lourdes : raréfaction des ressources halieutiques, perte d’accès aux zones de pêche, baisse des revenus, insécurité alimentaire, exode et migrations irrégulières. Les femmes transformatrices, mareyeurs et artisans figurent parmi les plus touchés, tandis que l’érosion côtière, perçue comme amplifiée par les infrastructures offshore, fragilise davantage les territoires.

En parallèle, les énergies renouvelables atteignent près de 30 % du mix électrique, mais l’accès demeure inégal, les coûts élevés et les infrastructures peu fiables. Le solaire progresse, tout comme l’éolien et l’hydroélectricité, mais le biogaz et la biomasse restent sous-exploités. Le secteur privé dynamise la filière solaire, malgré des obstacles réglementaires et financiers persistants.

Le rapport identifie plusieurs leviers prioritaires :

accélérer l’accès équitable à l’énergie,

renforcer la planification énergétique,

protéger et compenser les communautés impactées,

augmenter la part des subventions EnR,

améliorer la gouvernance et la transparence,

intégrer des approches sensibles au genre,

soutenir les acteurs privés des filières vertes.

Enfin, l’étude propose une stratégie intégrée de communication et de plaidoyer mobilisant institutions, OSC, secteur privé, partenaires techniques, médias et communautés afin de faire de l’énergie un vecteur de justice sociale et de développement durable.

Pape Ismaïla CAMARA
Up Next

Related Posts