Lors d’une table ronde organisée par le think tank WAThI, plusieurs universitaires ont invité le Premier ministre Ousmane Sonko à s’abstenir de toute intervention dans les affaires diplomatiques, un domaine constitutionnellement réservé au Président de la République. Une position exprimée pour éviter contradictions publiques et brouillages institutionnels.
Selon Le Quotidien L’As, le think tank WAThI a réuni hier chercheurs, enseignants et analystes autour d’un thème central : « La diplomatie sénégalaise sous le Président Diomaye Faye : rupture ou continuité ? ». D’après Le Quotidien L’As, plusieurs interventions ont pointé une « confusion » dans la conduite de la politique étrangère depuis l’alternance, appelant à une clarification nette des rôles entre le Chef de l’État et son Premier ministre.
Le professeur Ousmane Khouma, constitutionnaliste à l’UCAD, a estimé que « deux têtes semblent parfois incarner la diplomatie sénégalaise », évoquant une « immixtion » dans un domaine exclusivement présidentiel. Il rappelle que la diplomatie est un espace où la cohérence est essentielle pour préserver la crédibilité internationale du pays.
Pour le Pr Khouma, le Sénégal tente aujourd’hui de concilier son ADN atlantiste — solidement arrimé aux partenariats occidentaux — et son ouverture croissante vers le Sud global. Il insiste cependant sur l’importance d’une stratégie diplomatique claire, lisible et portée par une seule autorité.
Le Pr Mamadou Yaya Diallo, spécialiste de droit international, estime que le Sénégal de Diomaye Faye cherche à consolider ses acquis tout en opérant un repositionnement stratégique. Il constate une volonté présidentielle de renforcer le panafricanisme, mais juge que cette ambition reste pour l’instant davantage discursive que structurée.
Il recommande de maintenir la ligne diplomatique qui a fait du Sénégal une voix respectée, notamment en Afrique de l’Ouest. L’universitaire rappelle que le Premier ministre ne peut s’exprimer à l’international que dans le cadre strict des orientations du Président. S’écarter de cette règle, dit-il, « risque de créer la confusion et d’affaiblir le pays ».
Un avertissement clair adressé à Ousmane Sonko : « Tant qu’il occupe cette fonction, il doit se ranger derrière le chef de l’État pour éviter tout fiasco diplomatique. »


