Le contraste est saisissant : au discours enflammé de souveraineté s’oppose une réalité brutale. Le Sénégal, confronté à une situation économique précaire, se retrouve dépendant du FMI, suspendu à ses décisions et contraint d’en accepter les conditions. Le Fonds monétaire mène la danse, contrôle le calendrier et impose ses exigences.
Cette position de faiblesse est largement le produit d’une gestion politicienne du dossier des « données erronées ». En optant de transformer une question, qui se pouvait être technique, celle de la dette et des failles systémiques de la gouvernance budgétaire, en affaire politico-scandaleuse de « dette cachée », le gouvernement a ouvert une polémique qu’il n’a pas su maîtriser. Ce choix a fragilisé la capacité de négociation du pays et renforcé la mainmise du FMI.
Là où une approche certes transparente mais pragmatique et discrète, aurait limité les dégâts, l’instrumentalisation politique a fini par coûter un lourd tribut à l’État.
Aujourd’hui, derrière les proclamations de souveraineté, la réalité est implacable : le pays dépend d’un feu vert extérieur pour assurer son financement et maintenir sa stabilité. Le prix à payer est élevé, et les marges de manœuvre s’amenuisent.
C’est toute l’ironie de la situation : une volonté de rupture, de rigueur et de transparence, mise en œuvre de façon bruyante, partisane et précipitée, a engendré des effets pervers insoupçonnés.
La leçon est claire : on ne peut parer les bonnes intentions de transparence et de lutte contre la corruption de desseins politiciens ou partisans. Le retour de bâton n’est jamais loin.