Le Président de la république du Sénégal participe à la 9e conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD).
La place importante du Japon dans l’économie mondiale peut jouer en faveur du Sénégal qui veut reprendre sa place dans le cœur des investisseurs.
✍️ La TICAD : une conférence de Tokyo pas si Tokyote que ça !
Tokyo international conference on African Development (TICAD) est une rencontre organisée pour la première fois en 1993 et s’est tenue tous les 5 ans jusqu’en 2016, année à partir de laquelle elle se tient tous les 3 ans. Sur les 9 éditions, deux ont été abritées par des pays africains ; le Kenya en 2016 et la Tunisie en 2022.
A noter que même lorsqu’on l’organisait à Nairobi et à Tunis, c’était toujours la conférence internationale de TOKYO !
Pourtant, même si elle a été initiée par le Japon, il s’agit d’une conference co-organisée par le Japon, la commission de l’Union africaine, les nations unies, le PNUD et la Banque mondiale. C’est une plateforme qui vise à favoriser la mobilisation des ressources pour soutenir le développement de l’Afrique. A partir de 2019, le secteur privé a commencé à y être impliqué avec le partenariat public-privé qui a pris une nouvelle dimension.
✍️ Un intérêt certain pour le Sénégal qui est un accusé en détention préventive
On peut se tromper sur le poids du Japon si l’on s’en tient seulement aux statistiques du commerce exterieur publiées par l’ANSD. En effet, il n y a que 0,3% de nos exportations qui sont destinées au Japon et 1,2% de nos importations qui en proviennent. Il est cependant utile, d’un point de vue stratégique, de coopérer avec ce pays qui est la 5e économie mondiale; la France est 7e, le Canada 9e.
Il est aussi le seul pays asiatique membre du groupe des 7 pays les plus industrialisés (G7).
Le Japon est le deuxième pays le plus influent au FMI, après les USA avec des quotes-parts de plus de 6% (les USA ont plus de 16%).
La monnaie japonaise, le Yen, fait partie des 5 monnaies qui composent le panier qui détermine la valeur des Droits de Tirages spéciaux (DTS) utilisés par le FMI pour prêter de l’argent aux pays. Le Japon occupe l’un des 8 sièges permanents (sur 24) du conseil d’administration du FMI.
En outre, le Japon intervient au Sénégal dans plusieurs secteurs comme l’agriculture, l’éducation, la formation professionnelle et technique, la pêche, l’hydraulique, la culture et l’environnement.
Les difficultés économiques actuelles du Sénégal (dette de 120% du PIB, « histoires » avec le FMI et dégradation de la note souveraine par Standard & Poor’s) pourront trouver une oreille attentive auprès d’autres partenaires qui sont présents à cette conférence internationale, en particulier les co-organisateurs cités plus haut.
Le Sénégal est comme un accusé en détention préventive (par le FMI) dont l’avocat (Président) ne peut pas s’absenter à une audience. Il a intérêt à répondre présent à toutes les rencontres où il peut s’entretenir avec des investisseurs.
Pr Abou Kane
FASEG/UCAD