Malgré une croissance annoncée de 12,1 %, le budget du Sénégal révèle des fragilités structurelles et un déficit préoccupant.
Le rapport trimestriel d’exécution budgétaire du deuxième trimestre 2025, publié par le Ministère des Finances et du Budget, offre une image contrastée de la situation économique du Sénégal.
Si la croissance nationale est affichée à 12,1 %, elle est essentiellement portée par l’exploitation des hydrocarbures. Hors pétrole et gaz, la croissance réelle n’est que de 3,1 %, à peine supérieure au rythme de croissance démographique, laissant peu de marges pour l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages.
Déséquilibres constatés
Du côté des recettes, l’État a collecté 2 090 milliards CFA, soit la moitié de ses prévisions annuelles. Les impôts directs, notamment sur les grandes entreprises, progressent bien, mais la consommation intérieure et les importations semblent s’essouffler, freinant les recettes indirectes. Les dons budgétaires restent quasi symboliques, signe d’une confiance limitée des bailleurs de fonds.
En parallèle, les dépenses publiques révèlent des déséquilibres : les subventions à l’énergie atteignent 370 milliards CFA, absorbant près de la moitié des transferts courants. Les investissements, pourtant essentiels pour les infrastructures et le développement, ne représentent que 30 % de l’enveloppe prévue, avec une exécution directe par l’État quasiment symbolique.
Déficit budgétaire et faible capacité d’exécution
Le déficit budgétaire, déjà à 588 milliards CFA, est financé majoritairement par les marchés financiers, alourdissant le service de la dette qui atteint 501 milliards CFA. Les organismes publics montrent une faible capacité d’exécution, avec moins de 30 % des crédits utilisés, et un endettement qui inquiète.
En définitive, derrière la façade d’une forte croissance, le budget du Sénégal met en évidence une dépendance aux hydrocarbures, un financement de l’énergie coûteux et une faible exécution des investissements. Les experts alertent sur la nécessité de mesures structurelles pour renforcer la résilience budgétaire et assurer un développement plus équilibré.
BBF