Lettre ouverte de Mbaye Oppa à Me Clédor Ciré Ly : « Le Sénégal n’est pas un champ de ruines à balayer »

La déclaration de Me Clédor Ciré Ly, affirmant qu’« aucune révolution ne peut réussir si l’ancien régime n’est pas détruit et ses vestiges nettoyés », continue de susciter de vives réactions. Dans une lettre ouverte virulente publiée ce 14 juillet, Mbaye Oppa, une voix de plus en plus écoutée dans le débat public, condamne fermement ce qu’il qualifie de dérive rhétorique aux relents dangereux.

« Ce que vous proposez, en vérité, n’a rien d’une révolution démocratique. C’est une épuration politique », écrit Mbaye Oppa, dénonçant l’usage du terme « nettoyer », lourd de connotations historiques tragiques, notamment dans le contexte des génocides africains. L’auteur de la lettre s’inquiète de ce glissement sémantique susceptible d’attiser des tensions dans un pays qui aspire au calme et à la refondation.

« Vous confondez rupture et purge, réforme et représailles », insiste-t-il, appelant Me Ly, homme de droit, à élever le débat plutôt qu’à l’enflammer. Oppa rappelle que la jeunesse sénégalaise, actrice du changement, n’attend pas une chasse aux sorcières, mais des institutions justes, responsables et ouvertes à la pluralité.

Ce rappel au sens des responsabilités intervient dans un contexte de transition politique délicate, où chaque mot compte. Pour Mbaye Oppa, il est impératif de ne pas « transformer la justice en instrument de revanche » et d’éviter de basculer dans une logique de division entre « nouveau peuple » et « résidus de l’ancien régime ».

La lettre, aussi ferme que respectueuse, appelle à bâtir la République par la loi, la justice et le débat, et non par le feu. « Le Sénégal n’est pas un champ de ruines à balayer. C’est une maison commune à rénover. »

Mamadou Nancy Fall
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