Compte à rebours vers 2030 : sans lutte contre la corruption, les objectifs climatiques risquent l’échec, alerte Transparency International

Alors que la planète entre dans une phase décisive pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, Transparency International tire la sonnette d’alarme : sans intégrité, transparence et lutte systématique contre la corruption, les engagements mondiaux risquent de rester lettre morte.

Dans sa communication hebdomadaire, l’organisation mondiale de lutte contre la corruption revient sur trois événements clés des dernières semaines : la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), la Conférence de Bonn sur le climat et la Semaine d’action climatique de Londres. Des rencontres stratégiques, selon elle, qui ont permis de raviver l’élan politique, mais dont les résultats restent fragiles sans mécanismes robustes de gouvernance.

Le “Compromiso de Séville” : la corruption reconnue comme un frein majeur au développement

Adopté à l’issue de la FfD4 en Espagne, le Compromiso de Séville marque un tournant : il reconnaît officiellement la corruption comme une problématique transversale entravant le financement du développement durable. Transparency International salue cette avancée, tout en appelant les gouvernements à aller au-delà des déclarations.

« Sans mesures concrètes de responsabilisation dans la gestion des fonds publics, des emprunts, ou de lutte contre les flux financiers illicites, les ODD resteront inaccessibles », avertit l’organisation. Elle exhorte les dirigeants à impliquer la société civile et à assurer un suivi rigoureux de ces engagements.

Bonn et Londres : des progrès timides, des tensions persistantes

À Bonn, les négociations techniques de la CCNUCC ont été freinées par des désaccords procéduraux, compromettant l’agenda climatique. Néanmoins, des progrès notables ont été enregistrés : une hausse de 10 % du budget de la Convention, un début d’accord sur une transition juste, et des prémices d’un futur Mécanisme d’action de Belém, attendu lors de la COP30 au Brésil.

À Londres, la Semaine d’action climatique a mis en lumière un nouvel enjeu : le dialogue éthique mondial. Une initiative soutenue par la présidence brésilienne de la COP30 et l’ONU, visant à replacer les valeurs de justice et de responsabilité au cœur des politiques climatiques. Les voix s’élèvent pour que l’action climatique ne se limite plus à des promesses, mais s’ancre dans l’intégrité des processus décisionnels.

Fossiles, conflits d’intérêts et lobbying opaque : Transparency met en garde

Selon les données publiées par l’ONG, près de 50 % des lobbyistes des énergies fossiles présents lors des précédentes COP dissimulent leurs affiliations, et 70 % participent aux négociations avec des badges fournis par des délégations officielles. Un système opaque qui mine la crédibilité du processus climatique.

Transparency International appelle la présidence brésilienne de la COP30 à instaurer des réformes immédiates : règles claires sur les conflits d’intérêts, divulgation complète des liens entre délégués et industries, et contrôle indépendant du processus de participation.

« Si la COP30 veut être la COP de la mise en œuvre, elle doit aussi devenir la COP de l’intégrité », conclut l’organisation. Sans transparence, il n’y aura ni justice climatique, ni avenir durable.

Pape Ismaïla CAMARA
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