À la suite de l’effondrement de deux immeubles à Touba, le débat sur la sécurité des constructions ressurgit. Alioune Dramé, ingénieur en génie civil, tire une fois de plus la sonnette d’alarme et pointe directement l’Inspection générale des bâtiments (IGB). Sur le plateau de la RTS, il accuse l’entité « de ne pas jouer pleinement son rôle de contrôle et de prévention ». Source Tribune
Pour cet expert, la situation est critique. « Le secteur de la construction est malade. Si rien n’est fait, les bâtiments vont continuer à s’effondrer comme des feuilles mortes », avertit-il. Il dénonce « un système où toutes les étapes essentielles de la construction sont systématiquement négligées : absence d’études de sol, matériaux de mauvaise qualité et précipitation dans l’exécution des chantiers sous la pression de la spéculation immobilière »
Selon Alioune Dramé, l’IGB, censée assurer la sécurité et la conformité des constructions, est quasiment absente sur le terrain. « Elle ne joue pas son rôle, soit par manque de moyens, soit par négligence », dénonce-t-il. Il estime qu’un véritable état des lieux s’impose, avec une inspection rigoureuse de tous les bâtiments en construction ainsi que de ceux qui présentent des risques d’effondrement.
Des permis de construire incomplets et des lois inadaptées L’ingénieur pointe également des failles dans le dispositif administratif. Il explique que « les permis de construire se limitent souvent aux plans architecturaux, sans exiger les plans d’ingénierie, notamment les études géotechniques et les plans béton armé indispensables pour garantir la stabilité et la durabilité des ouvrages ». « Ce vide juridique est extrêmement dangereux. La loi doit être revue pour rendre obligatoires tous les documents techniques », insiste-t-il.
Autre problème majeur : « La qualification de la main-d’œuvre. » « Beaucoup d’ouvriers se forment sur le tas, sans aucune certification. Pourtant, il existe des écoles de formation, mais les ressources humaines qualifiées sont sous-utilisées », regrette Alioune Dramé. Il appelle à une normalisation stricte des métiers du bâtiment, du maçon au conducteur de travaux.
Face à la situation, l’ingénieur invite l’État à organiser des États généraux du BTP, mais avec les véritables acteurs du secteur. « Les textes existent, mais ils doivent être appliqués et renforcés. Il faut aussi que tous les démembrements de l’État, en particulier l’Inspection générale des bâtiments, remplissent pleinement leur mission », souligne-t-il.
Alioune Dramé appelle enfin à des sanctions exemplaires contre tous les contrevenants aux règles de construction et à un suivi rigoureux des bâtiments, aussi bien en phase de chantier qu’après la livraison. « Il ne suffit pas de construire. Il faut aussi suivre et entretenir les bâtiments. Sinon, on continuera malheureusement à compter les morts », prévient-il