Après l’alerte qu’il avait lancée, la semaine dernière, après avoir visité différentes localités du Ndou­coumane, notamment Ndiognick, Keur Ablaye, Diamal, Mabo, Ka­takel, etc., le président du mouvement «Aar Sunu Momel», Bassirou Bâ, surnommé «Toucou­leurou Baye» s’est encore inquiété de la présence d’une importante quantité de sable dans les sacs de semences mis à la disposition des agricultures.  Source Vox Populi

Il en a encore fait le constat, ce samedi 21 juin 2025 à Taïba Wilanène (département de Koungheul, région de Kaffrine) au niveau du Secco (magasin de stockage) de Missira. Là, il est montré sur des images vidéo, des sacs de couleur blanche contenant des semences qu’un homme s’activait à ouvrir. Et à ses côtés, des femmes occupées à faire le tri. A l’en croire, cela était nécessaire parce que «le stock de semences reçu, doit être nettoyé», selon le Président de Aar Sunu Momel.

Il note la présence de quelques déchets composés, entre autres, de «quelques graines trouées, des brindilles». «On doit le décortiquer à la machine. Mais il faut au préalable que le stock d’arachide contenu dans les sacs soit nettoyé. Nous n’avons pas le choix, c’est pour cela qu’on s’en contente. Je trouve que cela n’a aucun sens d’offrir des semences.

Nous aurions préféré qu’à la place de ces semences que l’Etat nous distribue de l’engrais. C’est à croire que seul l’opérateur y gagne», a-t-il indiqué. A l’en croire, c’est du sable qui a été utilisé pour donner plus de poids aux sacs de semences. Au finish, signale-t-il, la quantité de sable versée dans un lot de 5 sacs de semences fait plus de 50 kg, soit en moyenne 10 kilos, par sac.

Une situation confirmée par Idrissa Ndao, coordonnateur de Aar Sunu Momeel, commune de Kouthia Gaydi, département de Koumpentoum, région de Tambacounda.

Entre 12 et 13 kg de sable découverts dans plusieurs sacs d’arachide, à Tama et à Koungueul

Bassirou Ba, le président de Aar Sunu Momel signale être, lui-même, victime de cette situation de fraude. Dans la commune de Diamale, département de Mbirki­lane, région de Kaffrine, son fief, il a relevé que dans son stock de 150 kgs de semence qui a été mis à sa disposition, se trouvait 37 kgs de sable. Il restait alors que 113 kgs de semence, a-t-il soutenu.

«Nous avions dénoncé ces cas de fraude. Mais le ministre avait contesté la présence de sable dans les sacs de semences distribués partout dans le pays. Ce qui me chagrine, c’est qu’il soutient que sur une centaine d’organisations d’agriculteurs, seule Aar Sunu Momeel a parlé de la présence de sable dans des sacs de semence d’arachide. Alors que ce que nous disons est avéré et incontestable», a indiqué M. Ba, dans un entretien téléphonique hier.

Pour lui, cette approche n’arrange pas vraiment les agriculteurs. «Nous estimons que si l’on veut aider les agriculteurs, il faut prendre en compte leurs intérêts. Il nous faut nous respecter mutuellement. L’opérateur doit respecter son cahier des charges», a-t-il indiqué.

Selon lui, ce qui leur est distribué n’est pas conforme à ce qui leur est promis. «L’on nous parle de semences certifiées, alors que nous ne trouvons aucune vignette dans ces sacs qui nous ont été livrés. Nous déplorons aussi l’absence, au niveau des Secco, de bascules pour faire le pesage de contrôle».

M Ba s’est, également insurgé contre les actes posés par les préfets ou les sous-préfets qui ont été choisis comme pour assurer la présidence des commissions : «ce sont des autorités qui nous obligent, de force, à prendre ou à laisser, avec le risque de ne rien avoir comme semences ni engrais, après. Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons signaler que nous n’excluons pas d’avoir, pour les prochaines récoltes, des pertes importantes».

«Rien que les propos tenus par le ministre auraient dû lui valoir son limogeage»

Aussi, a-t-il souligné, pour le regretter, le fait que le ministre puisse prendre position en faveur des opérateurs contre leur organisation, juste parce qu’ils ont eu à révéler des situations regrettables. «Nous estimons que le ministre, avant de se ranger dans un camp quelconque aurait dû prendre le temps de vérifier si les faits signalés sont avérés ou non et ensuite prendre ses responsabilités pour sanctionner le camp qui a fauté. Nous pensons dès lors que rien que les propos qu’il a tenus auraient dû lui valoir son limogeage», a souligné le président de Aar Sunu Momeel, Bassirou Ba.