Agence Ecofin – Au Maroc, la sécheresse qui dure depuis plus de six ans représente un défi majeur pour le secteur agricole, dont les performances sont en net recul. Cet épisode climatique continue de s’aggraver menaçant les performances de la campagne agricole 2024/2025.
Au Maroc, les perspectives pour la campagne agricole 2024/2025 sont moroses. Durant le Conseil du gouvernement qui s’est tenu le jeudi 13 février, Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, a révélé que le pays enregistre actuellement un déficit hydrique de 53 % par rapport à la moyenne enregistrée sur les 30 dernières années.
Par ailleurs, le responsable précise que le volume d’eau dédié à l’irrigation cette année est évalué à 760 millions de m³, soit moins de 14 % des besoins exprimés par le secteur agricole. Ces chiffres alarmants nourrissent les craintes d’une production agricole aussi faible, voire pire que celle enregistrée lors de la campagne précédente, notamment dans certaines filières stratégiques comme les céréales.
Dans une interview accordée au quotidien local Médias 24, le 11 février dernier, l’agroéconomiste Larbi Zagdouni a prédit une récolte céréalière inférieure à 3 millions de tonnes pour la campagne agricole 2024/2025 notamment en raison d’une réduction des surfaces de culture.
« La superficie ensemencée devrait se situer autour de 3 à 4 millions d’hectares au plus contre des prévisions initiales de 5 millions d’hectares. Beaucoup d’agriculteurs ont été contraints d’abandonner leurs terres et le semis, car financièrement saignés par la succession des années de sécheresse. En outre, la campagne céréalière est compromise à cause des faibles précipitations ayant marqué le début de la campagne agricole, mais aussi durant le mois de janvier, ce qui affecte négativement le cycle de ces cultures », a déclaré M. Zagdouni.
L’expert estime toutefois qu’une amélioration de la pluviométrie pendant les mois de mars et d’avril, qui coïncident avec la période de floraison et de maturation des cultures, pourrait changer la donne. Il convient de rappeler qu’au cours de la campagne 2023/2024, la sécheresse persistante avait déjà réduit la production céréalière nationale de 42 %, la faisant chuter à 3,3 millions de tonnes, selon les données de la FAO.