Au Sénégal, la prise en charge des maladies est une équation pour les populations, pour les autorités en charge de la santé, mais surtout pour les spécialistes. A la faveur de leur 39e congrès, organisé pour engager des discussions afin de mieux prendre en charge les patients, des spécialistes d’ORL. Pour ces derniers en charge du traitement des maladies des oreilles, du nez, de la gorge et du cou, mais aussi quelques pathologies de la face, des contraintes majeures sont relevées dans leur service.
«La réhabilitation en laryngologie pose un problème dans nos contextes de travail parce que nous avons souvent des patients qui présentent ces maladies dont la prise charge est difficile. C’est des patients qui restent plusieurs mois à l’hôpital et parfois qui sont porteurs des stigmates qui peuvent rester à vie», a confié dimanche, le Pr Malick Ndiaye vice-président de la société sénégalaise d’ORL.
A l’en croire, «concernant la cavité buccale, c’est des cancers qui deviennent de plus en plus fréquents». A ce propos, il évoque l’habitude qu’ils ont «d’avoir des cancers de larynx et de l’hypopharynx. Mais les cancers de cavité buccale deviennent de plus en plus importants et la prise en charge peut être facile quand le patient vient tôt et malheureusement. Nous avons des patients qui viennent tardivement».
Un retard que le Pr Ndiaye déplore et qui lui a valu de faire le plaidoyer pour une sensibilisation des populations. «Vous-même vous constatez que le cancer de cavité buccale est un cancer qui est accessible. Il suffit d’ouvrir la bouche et voir les effets. Donc, il faut sensibiliser». Dans son alerte, il a listé les causes du cancer de cavité buccal. «Elles sont connues. ll y a l’alcool et le tabac, mais il y a aussi d’autres éléments que l’on retrouve, c’est l’infection à répétition, la mauvaise hygiène bucco-dentaire», a-t-il indiqué
Pour ce qui est des maladies de l’oreille, il a indiqué avoir du mal à compter le nombre de patients souffrants de surdité. «La surdité, on ne peut estimer le cas des patients sourds au Sénégal, mais ils sont très nombreux l’exemple que je peux donner quand on organise des dons nous nous retrouvons avec des milliers de patients qui ont besoin de ces appareils. Il y a un programme de lutte contre la surdité qui mérite d’être mis en place pour mieux prendre en charge ces patients, car les coûts sont très élevés. Les implants cochléaires sont onéreux et coûtent au bas mot 10 millions», a-t-il indiqué.
Le Pr Malick Ndiaye qui s’est prononcé au cours de ce congrès initiée par la société sénégalaise d’ORL a signalé qu’il sera question, au cours de leurs travaux, durant les deux jours d’échange, de discuter sur plusieurs thèmes. Les thèmes vont porter sur «la réhabilitation en laryngologie, à réhabilitation auditive et les cancers de cabine buccal». Et ce, indique-t-il, parce que les parties prenantes ont jugé que «ces trois thèmes méritent d’être discutés, de se rapprocher et d’avoir des consensus qui sont reconnus au plan mondial».
Profitant de cette occasion, le Pr Malick Ndiaye vice-président de la société sénégalaise d’ORL a déploré le manque de spécialistes dans leur domaine.
«Le déficit est partout la même chose dans toutes les spécialités. Nous avons environ une centaine d’ORL au Sénégal pour une population de 18 millions d’habitants. L’OMS préconise un ORL pour 10 000 personnes donc vous voyez que nous sommes très loin du ratio mais la formation est là et existe depuis les années 90 et il y a un deuxième diplôme et une spécialité en ORL qui a été ouvert à l’université de Thiès mais c’est toujours insuffisant», a-t-il fait savoir.
A l’en croire, «les pathologies ORL sont fréquentes, les pathologies infectieuses, les pathologies inflammatoires, les pathologies tumorales, les pathologies malformatiques. On a l’impression que l’ORL occupe dans la mentalité quand les étudiants font les stages ils croient que la spécialité n’est pas très importante mais quand on se rend dans les structures on se rend compte que c’est une spécialité qui comporte énormément de patients et on retrouve même des patients dans le service de pédiatrie. Plus de 50% dans les consultations de pédiatrie, c’est des enfants qui présentent des pathologies ORL mais qui peuvent bien être pris en charge».
Pour sa part, Dr Mame Coumba Sarr Niane, en service à l’hôpital Matlaboul Fawzeyni, a relevé une tendance haussière des cancers, dans la capitale du Mouridisme. «On a constaté qu’il y a une recrudescence de la maladie cancéreuse même si les populations sont de plus en plus regardant il y a une forte demande, une forte accrue par rapport à ses malades qui viennent se faire consulter à Touba», a-t-elle dit.
Vox populi