Dans un récit empreint d’émotion et d’angoisse, une compatriote sénégalaise d’origine libanaise, engagée de longue date pour la cause palestinienne au sein de la Coalition Sénégal-Palestine, partage son expérience au Liban, où elle a été témoin d’un conflit grandissant. Partie le 14 septembre 2024 pour une visite familiale et la traditionnelle cueillette des olives, elle s’est retrouvée en plein cœur d’une situation de guerre.

Une arrivée dans un climat de tension extrême

À peine arrivée à Beyrouth, la capitale libanaise, les tensions se sont rapidement aggravées. « Le 17 septembre, des explosions ont retenti dans la Banlieue Sud de Beyrouth où je me trouvais. Le lendemain, des talkies-walkies explosaient toujours dans la ville », témoigne-t-elle.

Face à la montée de l’insécurité, elle décide de quitter Beyrouth le 20 septembre pour rejoindre son village d’origine, situé dans le sud du Liban. Cependant, son séjour dans le calme rural tourne court : « J’ai passé trois jours déconnectée, en communion avec la nature, mais j’entendais au loin les frappes israéliennes à la frontière. Elles devenaient de plus en plus fréquentes, violentes, et finissaient par atteindre mon village. »

Exode périlleux vers Beyrouth

Contrainte de quitter son village dans la précipitation, elle décrit une fuite chaotique le 23 septembre : « En début d’après-midi, j’ai pris la route en catastrophe. Je me suis retrouvée seule sur la route, sans batterie pour prévenir mes proches, sans eau ni nourriture pendant plus de 14 heures. J’ai assisté à des scènes d’horreur : des missiles passant au-dessus des voitures et une femme enceinte accouchant en plein milieu de la route. »

Après une halte chez une tante à Saïda, elle atteint finalement Beyrouth le 24 septembre, après six heures de route à cause de la circulation paralysée. « En temps normal, ce trajet dure à peine 30 minutes », déplore-t-elle. Sur place, la capitale est en proie à de nouveaux bombardements. Elle contacte le consulat du Sénégal pour s’inscrire sur une liste de rapatriement. « Jusqu’à ce jour, ce rapatriement n’a toujours pas eu lieu », précise-t-elle.

Entre peur et solidarité

Malgré l’insécurité, elle s’engage bénévolement auprès des réfugiés du Sud. « Beyrouth s’est transformée. Le drone MK ne cessait de survoler la ville, et nous vivions dans la peur constante. »

Elle relate le 27 septembre comme la pire journée qu’elle ait connue : « La Banlieue Sud a été frappée violemment, toute la capitale a tremblé. L’objectif de l’attaque était le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah. » À partir de cette date, la fréquence des bombardements s’intensifie, plongeant les habitants dans une terreur quotidienne.

Une fuite in extremis

Face à la dégradation de la situation, elle décide de quitter le Liban au plus vite, craignant une fermeture imminente de l’aéroport : « Beaucoup de vols ont été annulés, seule la compagnie MEA assurait encore des liaisons. J’ai eu la chance de partir le 9 octobre. »

Elle exprime une profonde inquiétude pour les Sénégalais encore bloqués au Liban : « J’espère que mes compatriotes pourront être évacués rapidement. Certains tentent de quitter le pays par leurs propres moyens, d’autres attendent toujours un rapatriement. »

Appel aux autorités sénégalaises

Dans son témoignage, elle interpelle les autorités sénégalaises : « Je demande à Son Excellence le Président Bassirou Diomaye Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko d’agir rapidement pour sécuriser le retour de nos compatriotes. »

Elle conclut avec une prière pour un cessez-le-feu au Liban et en Palestine : « Les bombardements se poursuivent en Palestine occupée, notamment à Gaza et Jabalia. L’hiver approche, et les réfugiés dorment sous des tentes. Le Liban est en train de devenir un second Gaza. »

Son message se termine sur une note poignante : « Celui qui est noyé par les sables de Gaza sera écrasé par les montagnes du Liban. »