Pénurie de carburant à Ziguinchor : Le transport paralysé, les citoyens désemparés

Depuis quelques jours, c’est la croix et la bannière pour trouver du carburant à Ziguinchor. Sur les huit stations-service de la ville, seule celle du rond-point Aline Sitoé Diatta en disposait ce mercredi matin, provoquant un rassemblement d’automobilistes et de motocyclistes aux alentours, à même de perturber la circulation, à cet endroit stratégique de la ville. Sur les lieux, un tohubohu s’emmêle avec des deals pour s’approvisionner.

« Le transport de carburant suit des règles très strictes parce que c’est un produit très inflammable. Donc, à cause des manifestations où les routes étaient souvent barrées, parfois même avec des pneus calcinés sur la chaussée, les conducteurs de citernes de carburant ont reçu des injonctions pour se garer, le temps que ça se calme. C’est ce qui rattrape Ziguinchor », explique Kalilou Thiabou, pompiste.

«Les clients sont là, mais il n’y a pas assez de départs»

Pour trouver du carburant, certains vont en chercher ailleurs, hors de Ziguinchor. « Hier, je suis allé jusqu’à Mpack pour trouver du carburant », affirme Mansour Dramé, jeune Jakarta man, natif du Saloum. D’autres sont allés plus pour trouver le liquide. « J’ai risqué jusqu’à Oussouye pour en trouver. J’ai rempli le réservoir de la moto, malheureusement ils n’en vendent pas dans des bidons », révèle Jean Badiane.

Conséquence de cette pénurie, le transport est quasi-paralysé. Certains taximen ont préféré rouler une demie journée et garer le véhicule le reste de la journée. C’est le cas de Fallou Galass Mbengue, qui dit avoir fait cette option par pragmatisme. « On ne peut pas rouler sans carburant et là, il n’y en a pas. Le taxi m’appartient, dont je m’organise selon la circonstance actuelle, le temps qu’elle s’améliore », dit-il.

À la gare routière de Ziguinchor, c’est le désarroi. Les véhicules sont disponibles, les clients sont là mais il n’y a pas assez de départs. « C’est une situation est difficile. On est obligé de rationaliser le peu de carburant qu’on trouve », avance Jean Dasylva, chauffeur. Moussa Mané qui roule entre Ziguinchor et Goudomp a revu rotations. « Je faisais deux rotations par jours. Mais là, j’en fais une seule », dit-t-il.

«Les prix ont grimpé et c’est insupportable» Dans l’administration, une réorganisation des circulations des véhicules s’est imposée. « Je suis chargé d’aller chercher des inspecteurs chez eux le matin et les ramener, chacun chez lui, en fin d’après-midi. Mais avec cette situation, on n’assure qu’une seule rotation. Je vais les chercher le matin ou je les dépose l’après-midi. Le reste, ils se débrouillent », affirme Pape Diatta, chauffeur à l’académie de Ziguinchor.

Mêmes les propriétaires de véhicules particuliers ont changé leur mode de circulation. Si certains recourent aux motos, d’autres ont tout bonnement garé leurs véhicules en attendant que la situation revienne à la normale. « J’habite à environ un kilomètre de mon lieu de travail, donc je marche. En quinze minutes, je suis à destination. Ça me fait un peu de sport le matin et l’après-midi’, soutient Aliou Baldé, agent administratif.

À cause de l’arrêt des bus et le manque de carburant, les prix du transport ont grimpé. « Les taximen réclament mille francs là où on payait habituellement cinq cent francs. Même les Jakartamen exigent cinq cent francs, alors que le tarif était à trois cent francs. C’est insupportable », soupire Gnima Diédhiou, vendeuse de poissons. Les tricyclistes, qui ne convoyaient des marchandises, se sont transformés en transporteurs

Yoor Yoor

Mamadou Nancy Fall
Up Next

Related Posts