L’enseignant sénégalais ne fait plus rêver. Lui, qui jadis, était respecté à juste titre, est devenu aujourd’hui comme un malpropre, un va-nu-pieds qui empeste l’atmosphère sociale.
C’est du moins ce que pense une certaine opinion qui, malheureusement, a fini, à tort, de se faire une mauvaise religion dans le dos l’enseignant de manière générale.
A force d’être humilié et diabolisé par les autorités étatiques, le « pauvre » a perdu toute l’estime que le peuple lui vouait. Pendant ce temps, ce sont les vendeurs d’illusions, soi-disant hommes d’Etat ou politiques qui sont choyés et couverts d’or par l’Etat.
Les syndicats d’enseignants sont perçus comme des engeances de vipères qui sacrifient l’avenir des apprenants.
Il est évident que les enseignants ont, par le comportement inqualifiable de certains, une part de responsabilité de la situation piteuse dans laquelle se trouve l’école sénégalaise.
Toutefois, cette part de responsabilité n’est en rien comparable à celle des autorités étatiques, qui du reste, sont de long en large coupables de la détérioration chronique de l’environnement éducatif sénégalais.
Mais sans vergogne aucune, les autorités cherchent toujours à tirer la couverture sur elles, en rejetant tout sur l’enseignant. Et lorsque ce dernier ose lever le petit doigt pour réclamer son dû, l’Etat lui tombe dessus en allant même jusqu’à lui retirer son « pain » ( salaire).
Oubliant en amont que c’est lui, l’Etat qui n’a pas respecté tel ou tel autre accord. Implacable, qu’il est, il pousse sa cruauté à l’extrême, trouvant toujours une astuce pour dresser le peuple contre le pauvre enseignant qui n’a plus d’yeux pour pleurer sur son sort.
Ainsi, malgré, les cris et pleurs incessants de l’enseignant, l’Etat fait le sourd et maintient à vif son implacabilité inouïe, jetant de temps en temps et selon son humeur, quelques maigres consolations à l’enseignant pour juste le calmer.
Alors que l’enseignant souffre, des sommes rocambolesques sont décaissées pour entretenir un certain clientélisme politique malsain.
Des postes abusifs et des institutions aussi budgétivores qu’inutiles sont créés pour faire taire les frustrations au sein de la mouvance présidentielle, le nombre de ministres grossièrement élargi pour faire les yeux doux aux alliés et sympathisants du pouvoir.
Ainsi, autant de ressources financières qui auraient dû être employées à l’amélioration des conditions des travailleurs de manière générale, sont distribuées dans le cadre d’un copinage politique qui ne dit pas son nom. L’Etat, insensible aux appels de l’enseignant, l’oblige à s’endetter aux près des banques pour couvrir sa misère.
Alors commence pour lui une autre vie sans sommeil. La hantise de la dette fait que son existence devient odieuse. Il ne jouit plus de son travail, sachant que lorsque viendra le moment de tout rembourser, les banques ne lui feront aucun cadeau.
Jean Nzalé