Yémen : le Japon fait un don de 8 millions de dollars afin d’y améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle

Le Japon a fait un don de plus de 8 millions de dollars (891 000 yens) afin de renforcer le travail de la FAO visant à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Yémen et notamment celles des ménages les plus vulnérables de ce pays confronté à la plus importante crise humanitaire au monde.

L’accord de financement a été signé aujourd’hui au siège de la FAO, à Rome, par M. Keiichi Katami, Ambassadeur et Représentant permanent du Japon en Italie, et par M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO.

Selon le communiqué de la FAO qui nous est parvenu, il s’agira notamment de fournir aux populations des intrants agricoles et des services essentiels, à savoir  la distribution de céréales et de semences potagères, de les soutenir dans les opérations de restockage du bétail et de réparer les systèmes d’irrigation et d’autres structures agricoles, par le biais des programmes de «rémunération contre travail». Ces interventions aideront les ménages en situation d’insécurité alimentaire à produire des aliments essentiels et à générer des revenus, tout en stimulant les économies locales grâce à la création d’emplois en milieu rural.

Le projet, qui se déroulera sur deux ans, a pour objectif de venir en aide à près de 200 000 yéménites affectés par le conflit.

«La FAO est en première ligne en matière de lutte contre la faim au Yémen en fournissant aux personnes extrêmement vulnérables les moyens de se rétablir et d’assurer la production de nourriture pour leurs familles et leurs communautés» a déclaré M. José Graziano da Silva.

«Nous sommes ravis d’annoncer que le Japon soutiendra le travail de la FAO à travers son projet destiné à améliorer la production agricole de plus de 27 500 ménages. Ce projet permettra d’apporter une aide humanitaire vitale aux populations rurales, en améliorant le secteur agricole et celui de l’élevage, ce qui devrait avoir pour conséquence de stimuler la production agricole et de renforcer la résilience face aux crises», a indiqué M. Katami.

Dans le cadre du projet, la FAO a l’intention de se focaliser sur l’aide au bétail et sur sa protection. Il sera ainsi question de fournir de la nourriture animale et des services de santé animale, telles que les campagnes de vaccination, qui s’assureront que les produits alimentaires, en particulier le lait, soient disponibles pour les personnes les plus vulnérables, à savoir les femmes enceintes et les mères qui allaitent.

En outre, le financement japonais permettra à la FAO d’améliorer les pratiques de production agricole et de renforcer la capacité des communautés à gérer les terres, le sol et les ressources hydriques de manière durable.

Le Plan anti-famine de la FAO pour éviter la catastrophe

Cette contribution cruciale aidera à répondre aux besoins liés aux moyens d’existence identifiés dans le nouveau Plan anti-famine au Yémen qui vient d’être publié par la FAO. Le plan souligne que près de 83 millions de dollars de financement seront nécessaires dans les six prochains mois afin de venir en aide aux 1,6 million de personnes vulnérables et en situation d’insécurité alimentaire, avec notamment une aide financière et des opérations visant à soutenir les moyens d’existence agricoles.

Cette aide d’urgence devrait permettre de stimuler le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables, de stimuler la demande locale et d’améliorer le fonctionnement des marchés, ainsi que la disponibilité et l’accès à la nourriture dans les zones menacées par la famine. Cela devrait également permettre d’aider à réparer des infrastructures agricoles communautaires.

La pire crise alimentaire au monde

La crise humanitaire qui frappe actuellement le Yémen est la pire que le monde ait jamais connu ces dernières décennies. Alors que le conflit entre dans sa cinquième année, les répercussions négatives sur la vie des gens s’aggravent jour après jour.

Les populations n’ont plus aucun recours pour se nourrir, ce qui a engendré une situation d’insécurité alimentaire et de malnutrition dans le pays. Le conflit a gravement compromis la production alimentaire, a détruit les moyens d’existence des populations et a fortement réduit leur pouvoir d’achat, leur rendant la vie difficile surtout lorsqu’il s’agit de satisfaire leurs besoins alimentaires de base.

Selon la dernière analyse du Cadre intégré de la classification alimentaire (IPC) publié en décembre 2018, près de 16 millions de personnes au Yémen (soit 53 pour cent de la population) font face à une situation de faim aiguë sévère. Sans aide alimentaire, plus de 20 millions de personnes (soit 67 pour cent de la population) seront confrontées à une situation de grave insécurité alimentaire, avec un grand nombre d’entre eux frôlant la famine.

Au Yémen, les niveaux de malnutrition continuent d’augmenter. Une étude récente a montré que près d’un tiers des familles souffraient de carences alimentaires et consommaient très peu de légumineuses, de légumes, de fruits, de produits laitiers ou encore de viande. Plus de trois millions de femmes enceintes, allaitantes et d’enfants âgés de moins de cinq ans ont besoin d’aide pour prévenir ou traiter leur malnutrition.

L’agriculture est un secteur crucial pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Yémen et fournit des emplois à 54 pour cent de la population. Ce secteur doit faire partie intégrante de la réponse humanitaire visant à prévenir une aggravation de la sécurité alimentaire, a prévenu la FAO.

En 2019, la FAO a besoin de 218,5 millions de dollars américains pour venir en aide à 8,6 millions de personnes, en soutenant le secteur agricole.

Le partenariat entre la FAO et le Japon

Le Japon est le deuxième plus important contributeur au budget de la FAO et un contributeur volontaire majeur des programmes menés par la FAO sur le terrain. Entre 2014 et 2017, le Japon a investi plus de 310 millions de dollars, dont 90 millions sous forme de contributions volontaires. En 2018, l’aide apportée par le programme humanitaire mondial de la FAO s’élevait à plus de 17 millions de dollars.

Momar Diack SECK
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