Yémen : l’aide humanitaire continue d’empêcher une catastrophe humaine massive, mais on ne fait pas assez, un constat de la FAO

Les agences des Nations Unies avertissent qu’une aide urgente plus conséquente est nécessaire pour sauver des vies. Selon un communiqué de presse conjoint parvenu à www.lactuacho.com, au Yémen, 20 millions de personnes souffrent de la faim du fait de la pire crise humanitaire au monde.

15,9 millions de personnes n’ont rien à manger, selon la dernière mise à jour de la Classification de la phase de sécurité alimentaire intégrée (IPC) diffusée aujourd’hui par le gouvernement du Yémen, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ainsi que des partenaires de l’Humanitaire.

«Ce que l’IPC nous révèle est alarmant», souligne Lise Grande, coordinatrice humanitaire au Yémen. «65 000 personnes survivent à peine et au moins un quart de million de personnes font face à une année sombre. Tout changement dans leurs circonstances, notamment tout obstacle à leur capacité d’accéder à la nourriture, entraînerait des pertes en vies humaines».

Sur les 15,9 millions de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire, 17% sont dans la phase 4 de l’IPC (urgence) et 36% en phase 3 (crise).

Le conflit armé qui secoue le Yémen est la cause principale de l’insécurité alimentaire. La perte des revenus et des moyens de subsistance ainsi que la flambée des prix des produits alimentaires de base alimentent cette insécurité en réduisant la faculté des ménages de se procurer de quoi se nourrir.

D’autre part, les importations alimentaires ont été affectées par des fluctuations imprévisibles des taux de change et par des restrictions au crédit. En outre, du fait de la paralysie des services publics et de la disparition des amortisseurs sociaux et des mécanismes compensatoires, des millions de Yéménites sont devenus vulnérables aux chocs.

«FAO n’œuvre pas seulement pour permettre aux ménages de produire de la nourriture pour eux-mêmes et leurs communautés lorsque les marchés sont perturbés, mais aussi pour sauvegarder, protéger et restaurer le secteur agricole du Yémen. A titre d’exemple, plus d’un million d’animaux ont été vaccinés et soignés. Toutefois des fonds supplémentaires sont nécessaires pour soutenir des millions de familles d’agriculteurs yéménites», a déclaré le Directeur général de la FAO José Graziano da Silva.

«Dans une guerre menée par des adultes, ce sont les enfants du pays qui sont les premiers à souffrir et qui souffrent le plus», a déclaré la Directrice générale de l’UNICEF Henrietta Fore.

«Des milliers d’enfants yéménites pourraient mourir de malnutrition grave si les conditions, y compris les combats et la crise économique, ne sont pas rapidement résolus. Les parties au conflit doivent choisir entre la fin des combats pour sauver des vies ou leur poursuite qui causerait la mort de plus d’enfants».

«Avec le soutien de la communauté internationale, le PAM nourrit actuellement près de 8 millions de personnes par mois. Sans cette aide, les deux-tiers des Yéménites auraient été confrontés à des niveaux terribles de faim», a déclaré, de son côté, le Directeur exécutif du PAM, David Beasley.

«Ce rapport est une sonnette d’alarme. Il indique que la faim s’intensifie et que nous avons besoin d’une augmentation massive de l’aide humanitaire pour sauver des millions de Yéménites. Si nous ne le faisons pas, nous déplorerons la perte de toute une génération d’enfants victimes de la faim».

Taux élevés de malnutrition chez les enfants

Le niveau de malnutrition aiguë chez les enfants reste élevé. À travers le pays, 1,8 million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, dont près de 400 000 souffrent de ses formes les plus graves. Les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère risquent 11 fois plus de décès, s’ils ne sont pas traités dans les délais, qu’un enfant en bonne santé du même âge. Les niveaux élevés de malnutrition sont aggravés à la fois par le manque de nourriture, les mauvaises pratiques alimentaires à l’égard des enfants, les défaillances des systèmes de santé, d’eau et d’assainissement, les épidémies et le délitement de l’économie.

La flambée des prix met la nourriture hors de portée

Bien que les marchés soient ouverts, l’accès à la nourriture demeure très préoccupant car une large partie de la population, même dans les zones calmes, n’a pas les moyens d’acheter des produits alimentaires de base, les prix des denrées alimentaires ayant bondi de 150% par rapport à la période précédant la crise. Les prix des carburants, y compris le gaz domestique, ont également fortement augmenté. Le secteur agricole a été durement touché par le conflit et la production alimentaire a chuté.

Malgré la crise prolongée, l’agriculture reste le principal moyen de subsistance pour les trois quarts de la population. C’est l’unique source de revenus pour la majorité des Yéménites et il est donc essentiel de leur permettre d’avoir accès aux marchés pour vendre leurs produits ou s’y approvisionner. L’agriculture et les moyens de subsistance ruraux font donc partie intégrante de la réponse humanitaire pour soutenir la production alimentaire locale, protéger les moyens d’existence et améliorer la sécurité alimentaire.

Bien avant le conflit, le Yémen était prédisposé à l’insécurité alimentaire chronique en raison de sa dépendance des importations de produits alimentaires pour couvrir plus de 75% de ses besoins alimentaires nationaux, tandis que 80% des Yéménites vivaient en dessous du seuil de pauvreté.

Réponse humanitaire

Une opération de secours humanitaire de très grande envergure se déroule au Yémen. Le PAM intensifie ses efforts pour atteindre 12 millions de personnes par mois afin de couvrir leurs besoins alimentaires et nutritionnels pressants.

La FAO aide plus de 5 millions de personnes à protéger leurs moyens de subsistance en leur fournissant des cultures et semences de légumineuses, des engins de pêche, des kits de production de volaille, des vaccins et traitements pour le bétail ainsi qu’une aide financière en échange de travaux de réhabilitation des infrastructures agricoles.

De son côté, l’UNICEF a accéléré la mise en œuvre, dans les établissements de santé existants, de programmes spécialisés pour prévenir et traiter la malnutrition aiguë sévère chez les enfants. Cela comprend la formation du personnel et la dotation en équipements de base, en médicaments et en aliments pour enfants malnutris. Jusqu’en 2018, près de 230 000 enfants ont été traités pour malnutrition aiguë sévère.

 

Oumou Khaïry NDIAYE
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