Venezuela : Juan Guaidó s’autoproclame « président par intérim », Nicolás Maduro rompt les relations diplomatiques avec Washington

Il y a du changement dans l’air au Venezuela. Mercredi, Juan Guaidó s’est autoproclamé « président par intérim » du pays. « Je jure d’assumer formellement les compétences de l’exécutif national comme président en exercice du Venezuela pour parvenir (…) à un gouvernement de transition et obtenir des élections libres », a lancé le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, opposée à Nicolás Maduro, devant des dizaines de milliers de partisans réunis à Caracas pour protester contre le président socialiste. À la suite de l’annonce, des heurts ont éclaté entre forces de l’ordre et partisans de l’opposition à Caracas, selon des journalistes de l’Agence France-Presse.

Mais Juan Guaidó a reçu le soutien de plusieurs puissances politiques dans la région. « Aujourd’hui, je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaidó, comme président par intérim du Venezuela », a indiqué Donald Trump dans un communiqué. Juan Guaidó, député de 35 ans, est devenu en quelques jours le visage de l’opposition vénézuélienne et a réussi à remobiliser les adversaires du président, divisés et affaiblis ces derniers temps.

Jugeant que l’Assemblée nationale était « la seule branche légitime du gouvernement », Donald Trump rappelle que cette dernière a déclaré le président Nicolás Maduro « illégitime ». « Le peuple du Venezuela a courageusement parlé contre Maduro et son régime et a exigé la liberté et l’État de droit », ajoute-t-il. « Je continuerai à utiliser toute la puissance économique et diplomatique des États-Unis pour faire pression en faveur du rétablissement de la démocratie vénézuélienne », écrit encore le président américain.

Maduro rompt les relations diplomatiques avec Washington

Mais le président du Venezuela, Nicolás Maduro, n’a pas dit son dernier mot. Mercredi, peu de temps après la déclaration de Juan Guaidó et les félicitations de Donald Trump, il a annoncé que son pays rompait ses relations diplomatiques avec les États-Unis. « J’ai décidé de rompre les relations diplomatiques et politiques avec le gouvernement impérialiste des États-Unis. Dehors  ! Qu’ils s’en aillent du Venezuela, ici il y a de la dignité, voyons  ! » a déclaré Nicolas Maduro, qui a donné 72 heures aux représentants diplomatiques nord-américains pour quitter le pays.

Devant des milliers de partisans, depuis un balcon du palais présidentiel de Miraflores à Caracas, le chef de l’État socialiste a une nouvelle fois accusé Washington de « tentative de coup d’État ». « La politique extrémiste du gouvernement de Donald Trump contre le Venezuela est une irresponsabilité gravissime, une stupidité gravissime (…), tenter d’imposer un gouvernement par des voies anticonstitutionnelles, nous ne pouvons l’accepter », a poursuivi le dirigeant vénézuélien.

L’armée a fait savoir qu’elle rejetait également l’autoproclamation du président du Parlement, Juan Guaidó, comme président par intérim du Venezuela, a affirmé mercredi le ministre de la Défense, Vladimir Padrino. « Le désespoir et l’intolérance portent atteinte à la paix de la nation. Nous, soldats de la patrie, nous n’acceptons pas un président imposé à l’ombre d’intérêts obscurs ni autoproclamé en marge de la loi. L’armée défend notre Constitution et est garante de la souveraineté nationale », a écrit le ministre sur Twitter.

Soutien de Moscou et de nombreux pays sud-américains

L’Union européenne a appelé à l’organisation d’« élections libres et crédibles, conformément à l’ordre constitutionnel ». « Le peuple vénézuélien a le droit de manifester pacifiquement, de choisir librement ses dirigeants et de décider de son avenir. (…) Sa voix ne peut être ignorée », a écrit la haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, au nom des 28 États membres. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a dit sur Twitter « espérer que toute l’Europe va être unie en soutien des forces démocratiques au Venezuela ». « Contrairement à Maduro, l’assemblée parlementaire, y compris Juan Guaidó, a un mandat démocratique », a-t-il ajouté.

Maduro a cependant pu compter sur le soutien d’un autre État socialiste du continent, Cuba. « Notre soutien et notre solidarité au président Nicolás Maduro devant les tentatives impérialistes pour discréditer et déstabiliser la révolution bolivarienne », a écrit sur Twitter le président Miguel Diaz-Canel. Son ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, avait également déclaré son « ferme soutien », dénonçant une « tentative de coup d’État ».

C’est aussi l’opinion d’un autre président socialiste, le Bolivien Evo Morales. « Nous désignons les États-Unis comme coupables d’avoir promu un coup d’État et un affrontement fratricide entre Vénézuéliens. En démocratie, ce sont les peuples libres qui élisent leur président, pas l’empire », a-t-il tweeté. Le Mexique, gouverné par un président de gauche, Andrés Manuel Lopez Obrador, reconnaît toujours Nicolás Maduro comme président. « Conformément à ses principes constitutionnels de non-ingérence (…), le Mexique ne participera pas au processus consistant à ne plus reconnaître le gouvernement d’un pays avec lequel il maintient des relations diplomatiques », a expliqué le ministère des Affaires étrangères.

Jeudi, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a critiqué les pays occidentaux sur la crise au Venezuela, estimant que cela démontre « leur attitude envers le droit international » alors que les États-Unis et leurs alliés dans la région ont reconnu l’opposant Juan Guaidó comme le président par intérim. « Les événements qui se déroulent actuellement au Venezuela montrent clairement l’attitude de la communauté internationale progressiste envers le droit international, la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays où elle cherche à changer le pouvoir », a-t-elle déclaré sur sa page Facebook.

Source lepoint.fr

Pape Ismaïla CAMARA
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