Un rapport alarmant sur le déni des violences sexuelles de l’enfance

Tentative de suicide, amnésie, stress post-traumatique… Les violences sexuelles subies dans l’enfance ont de lourdes conséquences à l’âge adulte, même 50 ans après, faute de prise en charge appropriée. C’est ce que relève une enquête alarmante baptisée « Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte » publiée dimanche 1er mars, et qui doit être présentée lundi 2 mars à Paris lors d’un colloque.

Plus de 1 210 victimes de violences sexuelles âgées aujourd’hui de 15 à 72 ans, dont 95% de femmes, ont accepté de répondre à cette enquête de l’association Mémoire traumatique et victimologie, conduite de mars à septembre, avec le soutien de l’Unicef France, dans le cadre de la campagne « Stop au déni ».

En France, une femme sur cinq et un homme sur quatorze déclarent avoir subi des violences sexuelles.

Les enfants sont les principales victimes: 81% ont subi ces violences avant l’âge de 18 ans, dont 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans. Dans plus de la moitié des cas, leur agresseur était un membre de la famille. « Mon père m’a violée en moyenne 3 à 4 fois par semaine pendant dix ans », témoigne ainsi une victime.

« Absence de prise en charge adaptée »

Plus la victime est jeune au moment des faits, plus les conséquences sont lourdes. 42% des personnes interrogées ont déjà tenté de se suicider, parfois plus de dix fois, et 95% reconnaissent un impact des violences sur leur santé mentale et physique.

« Le coût humain des violences sexuelles, en particulier celles infligées aux mineurs, est alarmant », souligne l’association présidée par le Dr Muriel Salmona

Ce qui ressort de l’enquête, c’est « l’absence de prise en charge adaptée, de protection et de reconnaissance des victimes, surtout les plus vulnérables, alors même que les conséquences sur la santé et la vie affective, familiale et professionnelle apparaissent extrêmement importantes.Il s’agit d’un véritable scandale de santé publique et d’une atteinte aux droits des victimes ».

Plus les violences sont assorties de circonstances aggravantes (viol, inceste), moins les victimes ont été protégées par la police, la justice ou leurs proches. Seules 4% des victimes agressées dans l’enfance indiquent avoir été prises en charge par l’Aide sociale.

Parmi celles qui ont porté plainte, 66% de celles qui avaient moins de 6 ans au moment des faits déclarent « n’avoir jamais été protégées », tout comme 70% de celles entre 6 et 10 ans et 71% de celles entre 11 et 14 ans.

« Il est urgent que les pouvoirs publics mettent en oeuvre les moyens nécessaires pour protéger, accompagner et soigner efficacement les victimes afin d’enrayer le cycle infernal des violences », souligne le Dr Muriel Salmona.

Source FranceTVInfo

Michel DIEYE

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