Sommet mondial sur le genre : pour des politiques macroéconomiques favorables à l’autonomisation des femmes en Afrique

Un panel consacré aux politiques macroéconomiques s’est tenu hier mardi au Sommet mondial sur le genre, co-organisé par la Banque africaine de développement, le gouvernement du Rwanda et des partenaires de développement.

L’objectif de la séance, modérée par Basil Jones, coordonnateur de politique et programme genre à la Banque, était d’évaluer la profondeur des politiques actuelles et d’interroger leur capacité à réaliser pleinement l’autonomisation des femmes.

Mme Ngoné Diop, cheffe de l’unité Egalité de genre, autonomisation des femmes à la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA), et ancienne conseillère du gouvernement du Rwanda sur le genre, a d’abord insisté sur le cadre macroéconomique, qui permet de prendre en charge les contraintes et les besoins des femmes entrepreneures.

L’une des contraintes majeures est l’accès aux financements : « comparé aux autres régions du monde, le fossé à combler s’élève à 40 milliards de dollars pour les femmes. Pour permettre aux femmes d’accéder aux capitaux, il faut reformuler le cadre. Mais il faut aussi revoir le cadre juridique et gérer la question de la protection sociale des femmes. », a-t-elle expliqué.

La contribution des femmes à la création de la richesse nationale compte pour plus de 36% au Burkina, Sénégal et dans la plupart des pays africains. La mise en œuvre de mécanismes de garantie peut leur permettre d’évoluer le long de la chaîne économique et générer des revenus. L’ambition d’une meilleure inclusion financière des femmes appelle des réformes du cadre macroéconomique.

Pour Hannan Morsy, experte en macroéconomie et politiques publiques à la Banque africaine de développement, il s’agit de promouvoir la participation des femmes en insistant sur l’accès à la santé, en leur garantissant un minimum de protection et par une fiscalisation équitable, en faisant en sorte que le fardeau de la TVA ne soit pas plus lourd sur les femmes entrepreneures.
L’expérience du Rwanda a été soulignée par Amina Rwakunda, économiste en chef au sein du gouvernement du Rwanda. « Les gouvernements ont la responsabilité de mettre en place des programmes et filets de protection sociale qui aident à assurer l’inclusion financière des femmes », a-t-elle expliqué. A cet effet, la mise en place d’une assurance communautaire a, par exemple, allégé leur fardeau financier et facilité leur autonomisation.

Clara Mira, représentante résidente du FMI en Ouganda, a insisté sur la diversité et la mixité qui aide les pays à se développer de façon équilibrée parce que « selon les études, les résultats sont meilleurs et on crée environ 30% de plus de PIB par la participation des femmes ».

Une inquiétude a été exprimée par rapport aux nouvelles technologies car certains emplois à la chaîne réalisés par les femmes seront menacés par l’utilisation de plus en plus grande des nouvelles technologies. L’amélioration de l’accès aux TIC et à Internet est une voie à explorer pour anticiper sur les défis de l’avenir.

Après l’intervention des panélistes plusieurs intervenants ont livré les expériences d’autres pays. La ministre du Genre du Niger a exposé les grands axes de la politique d’autonomisation des femmes portée par le Plan de développement économique et social et la Stratégie nationale d’autonomisation des femmes dans son pays.

« Le genre a été intégré dans le 7ème plan de développement en cours d’exécution. L’autonomisation par l’accès à la terre est certes importante mais il faut, en plus, une réforme du droit foncier », a expliqué la ministre Zambienne du Genre.

Une entrepreneure de Madagascar a expliqué les contraintes de son entreprise qui emploie près de 60% de femmes, et qui sont liées à la condition des femmes (congés de maternité) et qui occasionnent un manque à gagner.

Sur ce point, Mme Diop (CEA) a suggéré une meilleure redistribution des gains, de meilleures politiques sociales pour combler le fossé des entreprises qui font face à ce genre de contraintes, mais également une meilleure organisation des femmes entrepreneures pour que leurs préoccupations soient prises en compte par les politiques publiques, « car seules 10% des femmes en Afrique ont accès aux politiques sociales. »

S.APO

Saphiétou Mbengue
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