Sécurité : la prévention des conflits pourrait sauver des vies, mais aussi faire économiser jusqu’à 70 milliards de dollars par an (Banque mondiale-ONU)

La prévention des conflits violents pourrait sauver des vies mais aussi économiser jusqu’à 70 milliards de dollars en moyenne par an, selon une étude publiée en ce mois de mars par la Banque mondiale et les Nations Unies et intitulée Pathways for Peace: Inclusive Approaches to Preventing Violent Conflict.

Fruit d’une collaboration inédite en matière de prévention des conflits, ce rapport conjoint appelle la communauté internationale à davantage miser sur la prévention de la violence pour instaurer la paix, en insistant sur l’importance d’une identification précoce des risques et d’une coopération étroite avec les autorités nationales pour améliorer les réponses apportées aux menaces et renforcer l’inclusion.

« Il est de plus en plus évident que les conflits violents sont l’un des principaux freins à la lutte contre la pauvreté, affirme Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. En plus de toucher un nombre grandissant de personnes au sein d’un même pays, les conflits se jouent des frontières nationales et déstabilisent des régions entières, voire le reste du monde. La prévention des conflits violents est l’un des défis les plus importants de notre époque en matière de développement et sa résolution nécessite plus de ressources, des approches novatrices et une collaboration accrue entre partenaires internationaux. »

Depuis 2005, les décès liés à des combats ont été multipliés par dix, l’année 2015 détenant un record macabre en la matière. Entre 2010 et 2016, soit en tout juste six ans, le nombre de victimes civiles a doublé. Sans oublier celles et ceux qui ont été chassés de leur foyer : on estime actuellement à 65,6 millions le nombre d’individus déplacés à l’intérieur de leur pays ou de réfugiés dont, dans ce dernier cas, plus de la moitié sont des enfants.

Selon des estimations, les conflits violents pourraient coûter jusqu’à 13 600 milliards de dollars par an, l’équivalent de 13,3 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, sachant que le redressement après un conflit peut durer sur plusieurs générations. Le nouveau rapport conjoint de la Banque mondiale et des Nations Unies démontre l’efficacité des mesures de prévention, mettant en avant trois scénarios permettant de réaliser entre 5 et pratiquement 70 milliards de dollars d’économies par an.

Actuellement, les dépenses de prévention ne représentent qu’une infime fraction de la réponse aux crises et des efforts de reconstruction. Les auteurs du rapport estiment que le fait d’orienter les dépenses vers des investissements en faveur d’un développement inclusif et durable, parallèlement au renforcement des initiatives diplomatiques et des mesures sécuritaires et à la prise en compte des facteurs d’inégalité et d’exclusion, qui sont souvent les déclencheurs d’un conflit, pourrait permettre d’alléger significativement la facture.

Les conflits violents jouent déjà un rôle majeur dans la pauvreté et, à l’horizon 2030, plus de la moitié des pauvres vivront dans un pays connaissant des niveaux élevés d’insécurité. Le rapport rappelle cependant que le niveau de richesse et de revenu ne prémunit pas contre les violences, puisque les conflits touchent des pays à revenu intermédiaire comme des pays à faible revenu.

Les auteurs avancent donc une série de recommandations politiques, assorties d’étapes précises, selon les niveaux de revenu des pays dans le but de résoudre les conflits pacifiquement. Il s’agit notamment d’agir en amont sur les facteurs de risques, avant que les motifs de mécontentement ne soient trop enracinés ; de favoriser la participation des femmes et des jeunes ; et d’opter pour des politiques plus inclusives garantissant un accès plus équitable aux ressources naturelles, aux services essentiels, à la sécurité et à la justice.

Enfin, le rapport constate que les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui parviennent à mobiliser la société civile, les groupes de défense des droits des femmes, les organisations confessionnelles et le secteur privé afin de gérer les tensions et d’impliquer chacun dans la quête d’une paix durable. Par ailleurs, ces pays n’hésitent pas à réformer pour conforter leurs institutions et les rendre plus inclusives.

Le rapport appelle à dresser de toute urgence un bilan des mesures susceptibles d’inciter les parties prenantes nationales, locales et internationales à agir en amont et à collaborer pour instaurer une paix durable, soulignant que la prévention des conflits ne peut réussir sans la mobilisation absolue des acteurs nationaux, des diplomates, des responsables de la sécurité et des partenaires de développement.

Source Banque Mondiale

Pape Ismaïla CAMARA
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