Sanctions contre les mutilations génétiques : L’autre voie de contournement des tradipratiennes casamançaises

Au Sénégal, la loi prévoit des sanctions pour toute personne qui mettrait à l’épreuve sa fille. Nonobstant des campagnes de sensibilisation menées par des Organisations non gouvernementales (Ong) et le ministère de la Santé, en Casamance, cette pratique est toujours de coutume. D’après nos informations, deux tiers des filles qui ont cinq ans, ont subi des mutilations génitales.

«Certaines sont excisées dès leur naissance en complicité avec certaines matrones. Et d’autres, profitent des vacances scolaires pour envoyer leurs filles dans les villages», soutient sous l’anonymat une dame.

Selon notre interlocutrice, certaines exciseuses font semblant d’abandonner cette pratique, alors qu’elles continuent d’exercer en catimini ce métier. «Elles sont nombreuses en Casamance à ne pas jeter leurs couteaux.

Elles le font, mais à l’abri des regards indiscrets, car elles sont conscientes qu’elles encourent des sanctions pénales très sévères prévues par la loi», ajoute-t-elle. Pour cette dame, la cinquantaine bien sonnée, commerçante au Marché Saint Maur Des Faussées  de Ziguinchor, pour rien au monde elle ne fera abstraction de cette pratique.

Pour elle, toutes les filles doivent être excisées avant le mariage. «Dans notre ethnie, c’est une honte pour une fille non excisée. Elle est insultée de toute part par ses amies de la même génération», se justifie-t-elle.

Selon ses propos, l’excision  est une pratique très ancienne dans leur ethnie et aucune fille n’en souffre. «Dans ma famille, toutes  mes filles et petites filles ont subi l’excision. Et jusqu’à présent, aucune d’elle ne souffre de problèmes dans sa vie conjugale», ajoute-t-elle. Pour cette autre vielle dame âgée de 65 ans, l’excision n’a aucune conséquence sur l’épanouissement sexuel d’une femme. Pour elle, tout ce qu’on dit est totalement faux.

À l’en croire,  ses aïeuls ont toujours excisé leurs filles, et, elles n’ont jamais eu de problèmes particuliers. «Mais, aujourd’hui, avec le développement de la médecine, ils (toubabs) veulent nous faire croire que c’est une pratique dangereuse. C’est faux», martèle-t-elle.

Cependant, consciente des sanctions punitives prévues par la loi, elle soutient avoir trouvé une voie de contournement sans être inquiétée. «Je conduis les filles nuitamment chez l’exciseuse. Après, elles poursuivent leur convalescence à la maison. Le seul hic, c’est qu’il n’y a pas de cérémonie comme cela se faisait de coutume», déclare-t-elle.

Elle souligne que l’excision est une pratique courante dans la partie sud du pays. Dans la presque totalité des localités de la région de Ziguinchor, les femmes continuent d’exciser leurs filles en secret pour ne pas tomber sous le coup de la loi ou par les Organisations non gouvernementales (Ong) qui luttent contre cette pratique.

Source ‘’L’As’’

Momar Diack SECK
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