Premier maire musulman de Londres Sadiq Khan entre dans l’histoire

Sadiq Khan, 45 ans, élu maire (travailliste) de Londres avec un peu moins de 57% des suffrages, selon les résultats officiels annoncés dans la nuit de vendredi à samedi, a expliqué pendant la campagne électorale qu’il était devenu supporter de Liverpool devant sa télévision après avoir été victime de racisme dans les stades de Londres dans les années quatre-vingt.

«Dc Martens et bombers à Stamford Bridge»

«Mes premières expériences du football furent deux de mes frères se rendant à Stamford Bridge pour voir Chelsea et recevant des injures racistes dans le Shed (tribune debout jusqu’en 1994, ndlr), puis chassé par des National Front (des membres du parti d’extrême droite) portant des Dc Martens et des blousons d’aviateurs (« bombers ») verts», a relaté le futur premier maire musulman d’une grande capitale occidentale alors qu’il participait, en novembre dernier, au lancement de la campagne scolaire « Show racism the red card » (« Mettons un carton rouge au racisme »).

Khan, fils d’une couturière et d’un chauffeur de bus pakistanais, a lui-même été la cible d’injures racistes dans les stades de Londres lorsqu’il était adolescent. Il a gardé le souvenir d’un quart de finale de Cup entre Wimbledon et Tottenham en mars 1987 (0-2). «Je suis allé à Plough Lane (le stade de Wimbledon jusqu’en 1991) pour voir Wimbledon contre les Spurs et j’ai subi des injures racistes de supporters de l’équipe, Wimbledon, que je soutenais.» Précision : ses agresseurs l’avaient pris pour un juif supporter de Tottenham, le club du nord de Londres, très populaire dans la communauté juive de la capitale du Royaume-Uni. «Et j’ai été traité de Yid (terme péjoratif pour juif).»

«Se mettre dans la peau des personnes injuriées»

Ces expériences ont conduit le Londonien de naissance, également amateur de boxe et de cricket, à supporter les Reds. «A l’époque, il n’était pas sans danger pour quelqu’un comme moi d’aller au stade, alors, dans les années 80, je regardais le football à la télévision, Match of the day (l’émission de la BBC) et d’autres programmes, et je suis devenu supporter de Liverpool parce qu’ils jouaient à ce moment-là un grand football et qu’ils gagnaient.»

Le racisme a beaucoup reculé dans les stades anglais mais il reste à faire, avait encore dit Sadiq Khan lors de cet événement chroniqué par le Mirror. «J’ai emmené ma fille l’an dernier à Chelsea – Liverpool à Stamford Bridge. Nous avons perdu (en League Cup, 1-0 a.p.) mais c’était une joie. Je me suis senti en sécurité à tout moment et ma fille n’a pas connu ce que mes frères ont connu au « Bridge » ou moi à Plough Lane.» Il avait conclu son intervention en plaidant pour que les supporters soient les premiers remparts contre le racisme dans les travées et brisent le silence.

«Je ne veux mettre personne en danger, mais vous pouvez en parler à un steward si vous avez peur de vous confronter directement aux auteurs d’injures racistes ou signaler les faits au club par la suite (…) Il est totalement inacceptable qu’en 2015 dans les tribunes de tout le pays puisse encore exister ce genre de problème. J’exhorte chacun à se mettre dans la peau des personnes injuriées et à imaginer ce qu’il ressentirait et à répondre»… Quelque chose comme «Yes, we Khan» ?

Source lequipe.fr

Momar Diack SECK
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