Perspectives économiques très prometteuses du Sénégal : la Banque Mondiale entrevoit une croissance plus inclusive

Le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale a examiné hier le cadre de partenariat (CPF) avec le Sénégal pour les exercices 2020-24 et exprimé son total soutien à l’engagement de l’institution visant à accompagner les réformes structurelles qui permettront au pays, grâce à une transformation économique réussie, d’accéder au statut d’économie émergente en 2035.

Le Groupe de la Banque mondiale entend ainsi maintenir et approfondir son appui à l’ambitieux programme de réformes des autorités sénégalaises.

Communiqué : Le Conseil a pris acte de la volonté d’installer une croissance tirée par le secteur privé dans les secteurs de l’énergie et l’économie numérique et se félicite de l’engagement du cadre de partenariat-pays à accélérer la réduction de la pauvreté et s’atteler aux inégalités, à travers des investissements dans le capital humain, la création d’emplois et la transformation de l’économie.

Le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal, Nathan Belete, estime que « le pays aborde la troisième décennie du 21e siècle avec des perspectives extrêmement prometteuses. Cette nouvelle stratégie de partenariat va aider le Sénégal à exploiter tous ses atouts pour surmonter des obstacles persistants et concrétiser les transformations qui lui permettront de parvenir au statut d’économie émergente en 2035. »

Depuis 2014, l’économie sénégalaise progresse au rythme de plus de 6 % par an. Cette trajectoire de croissance, qui en fait l’un des pays d’Afrique subsaharienne les plus performants, témoigne d’une amorce de la transformation structurelle sous-tendue par des réformes axées sur l’amélioration du climat de l’investissement, de la gouvernance et des investissements dans les infrastructures, l’énergie et l’agriculture. Les perspectives sont favorables et, à la faveur d’une hausse des investissements et des exportations, le rythme devrait rester alerte en 2020, autour de 6,8 %. Et à condition de maîtriser les fragilités budgétaires et de mettre en œuvre des réformes attractives pour les investisseurs privés, la croissance pourrait franchir la barre des 7 % en 2021.

« Nous sommes convaincus que le cadre de partenariat tirera pleinement parti de la stratégie d’IFC, qui anticipe un ambitieux programme de réformes en amont pour catalyser une hausse des investissements privés au Sénégal », souligne Aliou Maiga, directeur régional d’IFC pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

« La MIGA va s’employer à susciter des investissements étrangers à travers ses instruments d’assurance du risque politique, y compris dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et des transports, tout en exploitant l’engagement de l’IDA et d’IFC. Elle continuera par ailleurs à étudier les leviers à actionner pour étayer les investissements publics dans ces secteurs, grâce à son instrument de rehaussement du crédit », explique Hoda Atia Moustafa, directrice régionale du bureau de la MIGA en Afrique, à Dakar.

Guidé par les priorités définies dans le Plan Sénégal émergent du gouvernement et son second plan d’action prioritaire (2019-23) ainsi que par les conclusions du dernier diagnostic-pays systématique, le Groupe de la Banque mondiale a défini ses trois axes prioritaires d’intervention :

Renforcer le capital humain pour améliorer la productivité : si les performances des indicateurs clés dans la santé et l’éducation ne progressent pas, un enfant qui naît aujourd’hui au Sénégal n’atteindra que 42 % de son potentiel productif à l’âge adulte.

Dans la continuité des avancées obtenues par ses projets dans les domaines de la protection sociale, de la santé et de l’éducation, la Banque mondiale entend passer à la vitesse supérieure, en renforçant les compétences de lecture et de calcul des élèves du primaire et du premier cycle secondaire ; en améliorant l’employabilité des jeunes ; et en donnant aux adolescentes et aux femmes un contrôle accru sur leur fécondité et leur productivité.

Stimuler la compétitivité et la création d’emplois : grâce à un meilleur accès aux informations sur le crédit et à la rationalisation de l’administration fiscale pour les petites et moyennes entreprises avec la plateforme eTax, le Sénégal est parvenu à améliorer le climat de l’investissement et a gagné 35 places dans l’indice Doing Business entre 2015 et 2020, passant du 161e au 123e rang.

L’accent va désormais être mis sur l’amélioration de la connectivité numérique et physique à l’échelle nationale et régionale ; l’abaissement du coût de l’énergie et la réduction de l’empreinte carbone parallèlement à l’optimisation du mix énergétique ; la promotion du secteur tertiaire, y compris à travers les services financiers ; et la stimulation de la productivité et de la compétitivité de l’agriculture et des chaînes de valeur associées.

Bâtir des institutions et des communautés résilientes : face à l’urbanisation rapide du Sénégal et aux inégalités géographiques en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement, la Banque mondiale s’emploiera à développer et protéger les écosystèmes et les infrastructures exposés au changement climatique ; garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement dans les zones rurales et périurbaines marginalisées ; et accroître l’efficacité et la transparence de la gouvernance institutionnelle et des systèmes de protection sociale.

La stratégie prévoit également de généraliser les technologies numériques, notamment dans l’éducation, l’agriculture, la protection sociale et la finance pour aider le Sénégal à entrer de plain-pied dans l’économie moderne. Elle accorde aussi une place centrale aux aspects liés au genre, en s’attachant spécifiquement à favoriser l’autonomisation des filles et des femmes, et promeut la résilience au changement climatique à travers ses différents domaines de priorité.

Le portefeuille de l’IDA au Sénégal comprend actuellement 18 projets, pour un financement total de 1,8 milliard de dollars, et neuf projets régionaux correspondant à une enveloppe de 346,5 millions de dollars. Le portefeuille d’IFC s’élève à environ 140 millions de dollars, avec des investissements importants dans le secteur de l’énergie et de la finance mais aussi en faveur des entreprises agro-industrielles locales. Les engagements de la MIGA au Sénégal ressortent à 306,2 millions de dollars, son sixième plus gros encours en Afrique.

Momar Diack SECK
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