Ouverture du procès de Hissène Habré : Déclaration de Jacqueline Moudeïna, présidente du collectif des avocats des victimes du régime Habré

Déclaration : Ce qui s’est passé aujourd’hui à Dakar est d’une importance considérable. La lecture de l’acte d’accusation d’Hissène Habré pour crimes de guerre, crimes de torture et crimes contre l’humanité a été lu. L’accusé, Hissène Habré, était présent. Il a tout entendu. L’horreur des crimes décrits, les détails donnés sur le système de la répression contrastent considérablement avec la lâcheté de Habré qui se prend pour une victime. Sa passivité derrière son turban et ses lunettes noires, voire ses injures à l’encontre de la Cour, ne suffiront pas à l’absoudre.

Il a entendu la lecture d’une description détaillée du fonctionnement et de la gestion de sa police politique la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS) “transformée en « un instrument  de  terreur.”

Il a entendu l’acte d’accusation qui affirme que tout au long du règne de Hissein Habré, soit du 7 juin 1982 au 1er Décembre 1990, les faits suivants ont été commis :

  • Arrestations massives,
  • Détention secrète,
  • Tortures et actes inhumains,
  • Exécutions sommaires.

Il a entendu un acte d’accusation qui relève “qu’au cours de la période allant de 1982 à 1990, le pouvoir étatique tchadien s’est distingué par une politique répressive à l’égard de la population civile tchadienne et plus particulièrement, l’égard de certaines catégories que sont les opposants, les sudistes et les membres de certains groupes ethniques comme  les Hadjerai et les Zaghawa.”

Il a entendu le rappel que selon l’acte d’accusation, “tout opposant était systématiquement réduit au silence, au besoin par l’exécution sommaire ou par l’emprisonnement durant une longue période dans des conditions inhumaines.”

Il a entendu aujourd’hui que selon l’acte d’accusation “il existe des charges suffisantes laissant croire à la commission de plusieurs cas d’homicides volontaires et d’exécutions sommaires constitutifs de crimes contre l’humanité.”

Cet acte d’accusation – 196 pages – ce sont des faits, des actes dont aura à répondre l’accusé. Comme le rappelle l’acte d’accusation, “avec Hissein Habré, même une mouche ne pouvait être écrasée sans son ordre”.

Pour les victimes présentes aujourd’hui dans la salle d’audience, pour les milliers de victimes qui ne sont pas ici aujourd’hui mais attendaient ce moment depuis des années, pour toutes celles, hélas, qui n’ont pas survécu jusqu’à ce jour, cette heure est solennelle.

La lecture de l’ordonnance de mise en accusation, l’acte d’accusation, c’est le coeur du procès. C’est ici et maintenant que tout commence. Le procès d’Hissène Habré a commencé. Plus rien ne peut arrêter la marche de la justice.

Je vous remercie.

Michel DIEYE

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Michel DIEYE

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