Non au HCDS, Oui aux vrais réformes progressistes

Au moment où j’hésitais entre plusieurs thèmes – la folie du jeune pilote allemand et la lecture que les médias en font, la mode des marches silencieuses et leur vertu « thérapeutique », les élections au Nigéria ou encore la coalition arabe contre les Houthis chiites du Yemen – l’actualité nationale s’est imposée d’elle-même.

Le Sénégal est décidément un pays bien particulier où les autorités politiques ont une manière bien singulière de gérer les préoccupations des citoyens.
Le Président de la République vient de «renforcer » considérablement le Comité national du dialogue social (CNDS) qui devient le Haut conseil du dialogue social (HCDS). Les mots ont leur sens. Un haut conseil est en général, une instance de réflexion et de propositions. Celle-ci est donc supposée, entre autres, arrondir les angles entre les organisations syndicales et le gouvernement.
Je suis d’avis qu’il est toujours bien de renforcer la démocratie. Cependant, il ne faut pas faire semblant de réformer pour juste caser du personnel politique ou augmenter leurs « ressources » en vue des élections à venir. Quel est le véritable apport du HCDS et la soixantaine de personnes qui le composent lorsqu’on a déjà un Conseil économique social et environnemental (CESE) et un Ministère du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions ?
Si, nous avons vraiment envie de faire faire à notre pays un bond qualitatif, il urge de faire des réformes consolidantes. Et les idées ne manquent pas.
Pour ma part, je propose, par exemple, une initiative que je pense véritablement révolutionnaire et diablement efficace.
En effet, un Président de la République (puise que c’est effectivement lui qui décide) pourrait prendre l’initiative de décentraliser les ministères dans les régions.
On pourrait, par exemple, ne laisser à Dakar que les ministères des affaires étrangères, de l’économie et des finances, et celui de l’intérieur. Tous les autres pourraient êtres répartis dans les 13 autres régions du pays.
Vous imaginez l’impact qu’aurait l’implantation de deux ministères dans chaque région? Des centaines de fonctionnaires supplémentaires installés dans chaque région, avec leurs familles ? L’économie de la région connaîtrait inévitablement un boom extraordinaire : le système de santé, les écoles, les services, les routes, tout serait forcément amélioré.
Pourquoi devons-nous nécessairement maintenir le statu-quo ? N’avons-nous pas le droit d’inventer notre propre système ? Je pense que nous pouvons et devons arrêter le « copier / coller ». La France peut se permettre d’avoir tous ses ministères à Paris parce qu’il n’ y a pas un monde d’écart entre sa capitale et Strasbourg, Lille, Marseille ou Caen. Par contre chez nous, lorsque l’on sort de Dakar, on rentre dans un autre univers. Certaines régions manquent de tout.
La presse nous a rapporté les difficultés rencontrées par les autorités à trouver un lieu « décent » où dormir lors de certains conseils des ministres décentralisés. Je pense donc que les mesures véritablement progressistes ne manquent pas. Il suffit d’en avoir la volonté politique pour l’intérêt de tous et non pas seulement celui de quelques uns.

Abdoul Khadre Lô

Primum Consulting

Michel DIEYE

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