Moyen-Orient et en Afrique du Nord : la FAO appelle à élaborer des politiques et à investir en faveur d’un usage durable de l’eau

Graziano da Silva insiste sur la nécessité de relever les défis régionaux liés à l’eau et au sol afin de faciliter la production de nourriture au niveau local

«Il est essentiel d’intensifier les politiques et les investissements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord afin de rendre l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole plus durable et plus efficace et de s’assurer que toutes les personnes de la région ont accès à des régimes alimentaires sains», a déclaré aujourd’hui M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO.

«Ici, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le manque d’eau représente probablement l’un des principaux défis pour la production agricole et le développement», a-t-il indiqué alors qu’il s’adressait aux ministres de l’agriculture et aux représentants du secteur privé présents lors du Forum de l’agriculture, des pêches et de l’investissement alimentaire qui se tenait à Oman.

Selon un communiqué de la FAO , la région affiche l’un des plus faibles niveaux d’eau douce à travers le monde et ces eaux, principalement souterraines et non renouvelables, s’épuisent peu à peu. Ces quarante dernières années, le niveau d’eau douce a baissé de 60 pour cent et devrait diminuer de 50 pour cent supplémentaires d’ici à 2050. L’agriculture représente 85 pour cent de l’utilisation hydrique et sera probablement le secteur le plus touché par les prochaines pénuries d’eau.

José Graziano da Silva a également encouragé les gouvernements et les représentants du secteur privé à agir afin de transformer les systèmes alimentaires de manière à permettre aux peuples de consommer une nourriture plus fraîche, plus saine et plus nutritive. Le Directeur général les a par ailleurs mis en garde contre la hausse des cas de surpoids et d’obésité liés à la malnutrition.

« Près de 2 milliards de personnes à travers le monde sont actuellement en surpoids. Parmi eux, 670 millions sont des adultes obèses, soit un adulte sur huit. Ici, dans cette région, la proportion d’adultes obeses dépasse même les 30 pour cent – ce qui veut dire qu’un adulte sur 3 est obèse. La hausse du taux d’obésité a également un énorme coût économique», a souligné M. José Graziano da Silva.

L’obésité et le surpoids sont en hausse car les systèmes alimentaires actuels ont rendu la nourriture transformée et industrialisée – riches en graisses, en sucre, en sel et en additifs chimiques – plus disponible et accessible.

Cette situation est particulièrement préoccupante lorsque certains pays dépendent largement des importations alimentaires, comme cela est le cas dans la région.

«Promouvoir la consommation de poissons représente un autre moyen de lutter contre la malnutrition, tout comme encourager la croissance économique et atténuer la pauvreté», a ajouté le Directeur général.

Produire plus avec moins

Selon la FAO, le fait d’économiser l’eau ne constitue pas seulement une bonne pratique, cela pourrait bientôt constituer la seule et unique pratique.

L’Agriculture aquacole intégrée (IAA), est un moyen d’économiser de l’eau et de produire plus avec moins.

L’aquaponie est un exemple d’IAA qui associe l’aquaculture, l’élevage d’animaux aquatiques et l’hydroponie; soit la culture des plantes dans l’eau sans sol. Cela signifie que cette eau est utilisée à la fois pour élever des poissons et pour faire pousser des cultures.

Les fermes pratiquant l’aquaponie peuvent réussir à réduire leur consommation d’eau de 90 pour cent par rapport aux systèmes traditionnels de production agricole.

Les fermes pratiquant l’aquaponie offrent divers produits aux populations, comme le tilapia en Egypte et à Oman ou encore le poisson-chat Nord-africain en Algérie, encourageant ainsi la consommation d’une source de protéine pas forcément connue dans les régimes alimentaires de base de la région.

L’aquaponie est également une solution agricole pour les pays de la région où l’eau ne représente pas le seul défi; il existe également des lacunes au niveau de la qualité du sol. Sur la totalité de la surface terrestre adaptée aux pratiques agricoles de la région, 45 pour cent de cette surface affiche un taux de salinité élevée, un manque de nutriments ou encore connaît des problèmes d’érosion.

L’aquaponie permet à la région de cultiver des légumes, des fruits et d’autres aliments sur des terres non-hospitalières ou non-utilisables et fournit à la population des aliments produits localement qui leur donnent les protéines et minéraux nécessaires sans avoir à utiliser de l’eau de manière intensive.

Développer ce genre de fermes nécessite cependant certaines innovations et des connaissances techniques que les agriculteurs ne possèdent pas. D’où le rôle de la FAO et de son expertise.

La FAO a été l’une des premières organisations à promouvoir l’aquaculture dans les déserts et les terres arides et à chercher les solutions les plus adéquates – telles que l’IAA et l’aquaponie – pour faire face aux pénuries d’eau, à la dégradation des sols et pour maintenir la sécurité alimentaire.

Pape Ismaïla CAMARA
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