Mort de l’étudiant Mamadou Diop : Pourquoi les deux policiers échappent-ils à la juridiction militaire

Conducteurs du véhicule Dragon de la Police le jour des manifestations préélectorales de 2012, Wagane Souaré et Tamsir Ousmane Thiam sont traduits devant le Tribunal correctionnel de Dakar. Ils sont jugés dans le cadre du meurtre de l’étudiant Mamadou Diop, en 2012, lors des violences préélectorales.

Poursuivis pour les délits de «coups mortels, complicité de coups mortels, coups et blessures volontaires», ils sont traduits devant une juridiction de droit commun et non devant le tribunal militaire.

Et cela a bien des explications. «Le statut de la police ne renvoie devant une juridiction militaire que dans le cadre des délits typiquement militaires que sont la désertion, l’insoumission, la trahison, l’outrage, etc. Pour les autres infractions qui ne sont pas d’ordre disciplinaire, ils sont jugés devant une juridiction de droit commun», analyse une source militaire.

 

Par juridiction militaire, il faut entendre le tribunal militaire compétent pour juger les hommes de tenue jusqu’au grade de capitaine. Il y a aussi la Cour d’appel militaire (pour les officiers supérieurs à partir du grade de commandant) et la Cour d’assises militaire pour subalternes et officiers supérieurs, mais en matière criminelle.

En dehors de la Police, seuls le Service national de l’hygiène et la Direction des parcs nationaux se trouvent dans cette situation jugée dangereuse et suicidaire pour les éléments appartenant à ce corps paramilitaire qu’est la police nationale.

«La traduction des militaires devant une juridiction autre que militaire n’arrange pas les forces de sécurité.  Il est plus bénéfique pour eux qu’ils soient traduits devant une juridiction à caractère militaire», informe une source militaire anonyme.

L’avantage est qu’«en plus du magistrat professionnel qui siège, il y a deux assesseurs militaires qui comprennent mieux le métier que quiconque et qui maîtrisent le règlement de discipline générale de l’armée».

Ce qui fait qu’ils pourront, dans ce cas, «édifier le juge sur les engagements des forces de sécurité en matière de maintien de l’ordre. Car ni un magistrat, ni
un avocat ne savent les règles applicables en la matière
».

«Les subalternes ne connaissent pas quand est-ce qu’il faut charger ou tirer, ce sont des exécutants. Ce sont les commissaires qui connaissent les textes en matière de maintien de l’ordre et de la sécurité», informe la source de Wal Fadjri.

 Source Walf Quotidien

Michel DIEYE

Author

Michel DIEYE

Up Next

Related Posts