Meurtre de 56 migrants en Casamance : Un jugement de Yahya Jammeh par le Ghana réclamé par Human Rights Watch , TRIAL International et les familles des victimes

Dans le cadre de la campagne « Jammeh Justice », initiée par les victimes de l’ancien Président gambien Yahya Jammeh, une conférence de presse s’est tenue le mercredi 24 octobre 2018 à Dakar pour dénoncer le meurtre en juillet 2005 de plus de 50 migrants, parmi lesquels se trouvaient principalement des Ghanéens, mais aussi deux Sénégalais, des Nigérians, Togolais, Ivoiriens et un Gambien. Les familles des victimes, Human Rights Watch et TRIAL International ont émis le souhait de voire l’ancien président gambien jugé en Ghana qui a perdu 44 de ses ressortissants dans cette affaire.

« Nous privilégions la possibilité que Yahya Jammeh soit jugé au Ghana. C’est un pays anglophone et elle a une justice indépendante. Nous demandons le Sénégal d’aider le Ghana dans cette affaire. La légitimité revient à un pays africain de juger le dictateur et le Ghana est le meilleur choix parce qu’il a perdu beaucoup de ses fils dans ce meurtre », martèle M. Reed Brody, Human Rights Watch.
Quant à Marion Volkmann-Brandau, Coordinatrice “Jammeh Justice”, elle avance: « Le massacre de migrants en 2005 en Gambie, nous avons interrogé plus de 30 personnes, des victimes, des témoins mais aussi des hauts responsables qui étaient directement impliqués dans l’incident. Nous avons analysé beaucoup de sources publiques, notamment des entretiens de «Junglers», qui après avoir quitté le pays, ont donné des entretiens à des radios. Nous avons rassemblé ces informations pour essayer de reconstruire les faits. Les migrants étaient rassemblés à Saly du Sénégal, ils avaient dit qu’ils allaient rejoindre un bateau qui les amenait vers l’Espagne. Ils sont tombés sur le 22 juillet qui est la fête nationale qui commémorait l’anniversaire du coup d’Etat de Yahya Jammeh en 1994. Le chef de la police est venu dire à Yahya Jammeh que ces migrants étaient des mercenaires qui étaient venus pour le renverser. Et la marine est allée chercher ces migrants et huit sont tués sur la plage ».
D’après le communiqué de presse, un rapport publié en mai 2018 par Human Rights Watch et TRIAL International a révélé que les migrants ont été tués par les «Junglers», l’escadron de la mort de l’ex-Président Jammeh. Et la plupart des victimes ont été abattues et enterrées en Casamance, à la frontière avec Kanilaï, le fief de l’ancien Président. D’autres victimes, dont deux membres de la famille Jammeh ainsi que cinq officiers accusés d’avoir fomenté une tentative de coup d’Etat auraient également été enterré dans cet endroit.
« En Gambie, les 22 années de pouvoir de Yahya Jammeh ont été marquées par des violations des droits humains généralisées. Un cas emblématique est le meurtre en juillet 2005 de plus de 50 migrants, parmi lesquels se trouvaient principalement des Ghanéens, mais aussi deux Sénégalais, des Nigérians, Togolais, Ivoiriens et un Gambien », mentionne –t-on dans le communiqué.

Le Ghanéen Martin Kyere, l’unique survivant connu du massacre de 2005, ainsi que les victimes gambiennes, ont appelé le gouvernement du Ghana à ouvrir une enquête sur la base de ces nouveaux éléments.

Saër DIAL

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