Mamadou Mignane Diouf du Forum social sénégalais : « Les pays africains n’ont pas de politique migratoire »

M. Mamadou Mignane Diouf, Coordonnateur du Forum social sénégalais (FSS), en marge d’une conférence organisée dans le cadre des « samedis de l’économie » sur le thème : « Migration et relations euro-africaines: quelles solutions ? », souligne que les pays africains n’ont pas de politique migratoire. Selon lui, seuls le Mali et le Cap-Vert disposent d’une politique migratoire.

« Il faut envisager d’avoir une politique migratoire au niveau national, local, qui est collé aussi au niveau sous-régional. La politique migratoire du Sénégal doit être collée à la politique migratoire de la CEDEAO et celle-ci à l’Union africaine. Il n’y a pas de politique migratoire au niveau de la CEDEAO. Elle continue à se chercher une politique. Le Sénégal est en cours de concertation pour une politique. Le Mali a adopté une politique, c’est le seul pays de l’Afrique de l’ouest, le Cap Vert en a une politique mais les pays africains n’ont pas de politique migratoire », a martelé M. Mamadou Mignane Diouf.

Selon M. Diouf, la migration est devenue un facteur dominant sur la géopolitique mondiale. Et l’Europe semble imposer à l’Afrique une recolonisation.
M. Diouf poursuit : « Il n’y a pas d’immigration irrégulière, c’est les Etats qui veulent s’enfermer. Nous recommandons à l’Afrique de briser le silence, à se faire entendre d’une seule voix ; de renforcer et faire appliquer les textes de la libre circulation, créer des alliances entre acteurs étatiques ».
Le conférencier note que la migration est un mouvement naturel des populations, qui a fondé le monde et qui continuera à exister.

« On n’a pas entendu l’Afrique dans ce qui se passe. Souvent l’Afrique écoute, acquiesce, accepte ou hésite. On n’a pas encore entendu l’Afrique dire non, je n’accepte pas ça, voilà ce que je vais accepter, voilà ce que je vais faire et d’une même voix parce qu’il n’y a pas un seul Etat africain capable de refuser et de parler seul. Il faut qu’ils se mettent ensemble ou à travers des unions sous-régionale comme la CEDEAO, ou à travers l’Union africaine. On n’a pas entendu les Etats africains. Il faut que l’on sache quelle politique que l’Afrique veut défendre sur les questions migratoires en partant sur le principe que la migration n’est pas un délit , ni un crime, c’est un comportement humain », avance le conférencier.

D’après le document remis à la presse, les questions migratoires sont au cœur des relations entre l’Afrique et l’Union européenne (UE), plus particulièrement avec les pays d’Afrique de l’Ouest.
« Le récent Sommet, organisé à Paris le 28 août, à l’initiative de la France, montre à quel point les pays européens sont préoccupés par ce qu’ils appellent « l’immigration irrégulière ». Cette préoccupation résulte du fait qu’ils établissent désormais un lien entre émigration « clandestine » et terrorisme. Un tel lien donne une justification commode à toutes les mesures répressives et inhumaines contre les émigrés, non seulement sur le sol européen mais également dans les principaux pays de transit, comme la Libye et le Niger. Cela explique la présence de ces deux pays au Sommet de Paris, aux côtés du Tchad. Selon plusieurs associations de soutien aux émigrés, dans ces pays existent de véritables « camps de concentration » dans lesquels les conditions de vie sont épouvantables », mentionne la source.

Toujours d’après le document, les mesures répressives ne sauraient être une réponse adéquate à la question de la migration qui est au cœur du processus de développement des pays africains.

« En effet, selon la Banque mondiale, entre 2010 and 2016, l’Afrique a reçu en moyenne 34,2 milliards de dollars par an. Dans plusieurs pays, les envois des migrants sont supérieurs à ce qu’on appelle « l’aide » publique au développement (APD) et représentent une bonne proportion du produit intérieur brut (PIB) de ces pays. Par exemple, en termes de PIB, ces envois représentent 24.4% pour le Liberia; 22.4% pour la Gambie; 10.5% pour le Sénégal; 10.4% pour le Cap-Vert; 8.8% pour le Togo et 7.4% pour le Mali », explique-t-on dans le document.

Saër DIAL

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